Baaba Ly, Coordonateur de l'Observatoire de la gouvernance locale estime que le contrôle citoyen des actes des Collectivités locales est une nécessité et une urgence comme la restauration du lien social rompu qui est devenue incontournable pour une meilleure gestion locale.
Sud Quotidien : Pourquoi un Observatoire de la Gouvernance locale ?
Baaba Ly : L'Observatoire de la Gouvernance Locale est né de la volonté de certains acteurs de la Décentralisation évoluant dans les domaines aussi divers que le Développement communautaire, l'Education, la Santé, la Culture qui sont des compétences transférées aux collectivités locales. Vous savez autant que moi que le Sénégal est entré dans un processus irréversible de décentralisation. Notre souhait, c'est de participer activement à l'élaboration des politiques publiques locales en jouant un double rôle dans le domaine de la formation comme ce fut le cas la semaine dernière avec les délégués de quartier du département de Dakar, mais également dans le domaine du contrôle citoyen. Nous estimons, à notre humble avis, que les populations doivent s'investir pleinement dans la gestion locale, de façon à assumer pleinement leur citoyenneté. La décentralisation offre une tribune intéressante pour observer à la loupe les façons de gérer la cité et apporter tout les ajustements nécessaires. A ce niveau, nous intervenons en tant que laboratoire pour observer, alerter et réunir les différents acteurs pour qu'ils se parlent. Nous estimons qu'il faut encourager les acteurs à restaurer certains liens rompus. Nous pensons que dans ce pays, des gens interviennent dans une même chaîne de production, pour les mêmes intérêts, mais très souvent, ils ne se parlent pas. D'où la dispersion des énergies qui cause énormément de tort à notre Collectivités. C'est la mission même de l'Observatoire : outiller les acteurs locaux et surveiller les élus locaux dans l'exercice de leurs missions.
Quelles sont les actions que vous comptez entreprendre dans le cours terme?
Nous avons initié une série de formations destinées aux différents acteurs répertoriés qui interviennent dans la chaîne de production locale. Nous avons commencé avec les délégués de quartier du département de Dakar qui avaient besoin d'être au diapason par rapport à leur rôle et à leurs missions relativement aux politiques publiques locales en matière de décentralisation. La formation destinée aux élus locaux nous a encore convaincu de la nécessité de réunir les acteurs et de l'urgence à dégager pour chacune des catégories d'acteurs une plateforme commune d'échange pour ensemble relever les défis. Nous sommes dans la phase d'identification des autres catégories d'acteurs comme les jeunes, les femmes, les artisans, les hommes de culture pour leur organiser des formations spécifiques. Nous envisageons de mettre en place un site web pour mieux faire connaître nos textes de loi portant sur la décentralisation, la démocratie locale, la gestion participative. Dans chacun de ces domaines, nous veillerons à l'exercice correct des missions qui sont justement dévolues aux Collectivités locales. Nous allons également chercher ce qui se fait de mieux ailleurs à titre de comparaison et d'échanges d'expériences. Il ne faut pas oublier que notre premier devoir en tant que Observatoire, c'est de suggérer et de faire des propositions pertinentes adossées à des expériences qui ont fait leurs résultats ailleurs.
Vous parlez souvent d'alerte. Est ce que cela veut dire que vous serez les gendarmes des élus locaux?
Non justement il ne faut pas tomber sur ces travers. Vous avez aujourd'hui dans ce pays des Institutions qui fonctionnent normalement et qui remplissent très bien leur rôle en matière d'encadrement et de réédition des comptes comme le Conseil d'Etat et la Cour des comptes. Notre premier souci, c'est de jouer notre partition à l'échelle locale comme le suggèrent implicitement et explicitement les textes de loi de la décentralisation. Les populations doivent participer activement à la gestion locale. Ce qui manquait jusque-là, c'est le cadre approprié. Notre ambition, c'est d'être les relais des populations.
Sauf revirement de dernière minute, les élections municipales, rurales et régionales auront lieu au mois de mars 2014. Qu'est ce que vous comptez faire dans le cadre du processus électoral ?
Avec la formation des délégués de quartier, nous avons insisté sur les transferts d'électeurs qui sont des pratiques courantes. Or le délégué de quartier est le premier maillon de la chaîne parce que c'est lui qui délivre les certificats de domicile. Ils ont été bien sensibilisés sur la question par les acteurs au premier plan comme le directeur de la formation et de la communication de la Direction générale des élections logées au ministère de l'Intérieur. Aujourd'hui, ils sont conscients de leurs rôles et de leurs missions et entendent l'exercer pleinement pour ne pas tomber sous le coup de la loi. Nous pensons que, pour ce qui concerne Dakar, ces pratiques répréhensibles seront un mauvais souvenir. Nous sommes également en train de voir comment travailler dans la sensibilisation des électeurs. La révision exceptionnelle des listes électorales a démarré la semaine dernière et à notre niveau, il est possible de faire quelque chose. Nous sommes en train d'explorer les pistes en rapport avec les délégués de quartier comme il a été fortement suggéré lors du séminaire. Je profite d'ailleurs de l'occasion pour remercier la Primature et la Ville de Dakar qui nous ont accompagné dans l'organisation.
On parle de plus de plus de réformer les textes de la décentralisation. Le gouvernement a lancé l'acte III qui devrait déboucher sur des propositions concrètes. Quelle est votre position?
Nous nous félicitons de cet acte en phase avec le programme du président de la République. Nous estimons qu'il faut réfléchir sur des pistes prioritaires comme le cumul des mandats et le profil des élus à la tête des Collectivités locales. Nous pensons qu'il faut aller vers une limitation du cumul des mandats. Il est aujourd'hui inconcevable, dans notre pays, de laisser des élus concentrer entre leurs mains plusieurs mandats alors qu'il y a beaucoup d'expertises qui ne peuvent pas être utilisées. De plus, le mandat local à lui seul est déjà très important pour être cumulé avec d'autres fonctions comme président de conseil d'administration, député ou directeur général d'entreprises publiques ou parapubliques.
Le profil est également un nouvel enjeu. Il n'est pas raisonnable de permettre à n'importe qui d'être maire, président de région ou de Communauté rurale. Un maire doit être ancré dans sa localité; il doit connaître et aimer sa commune. Il doit également avoir une bonne moralité et réunir les conditions intellectuelles nécessaires. Or ce n'est pas visiblement le cas dans toutes nos collectivités locales.
Abdoulaye THIAM
Sud Quotidien
Sud Quotidien : Pourquoi un Observatoire de la Gouvernance locale ?
Baaba Ly : L'Observatoire de la Gouvernance Locale est né de la volonté de certains acteurs de la Décentralisation évoluant dans les domaines aussi divers que le Développement communautaire, l'Education, la Santé, la Culture qui sont des compétences transférées aux collectivités locales. Vous savez autant que moi que le Sénégal est entré dans un processus irréversible de décentralisation. Notre souhait, c'est de participer activement à l'élaboration des politiques publiques locales en jouant un double rôle dans le domaine de la formation comme ce fut le cas la semaine dernière avec les délégués de quartier du département de Dakar, mais également dans le domaine du contrôle citoyen. Nous estimons, à notre humble avis, que les populations doivent s'investir pleinement dans la gestion locale, de façon à assumer pleinement leur citoyenneté. La décentralisation offre une tribune intéressante pour observer à la loupe les façons de gérer la cité et apporter tout les ajustements nécessaires. A ce niveau, nous intervenons en tant que laboratoire pour observer, alerter et réunir les différents acteurs pour qu'ils se parlent. Nous estimons qu'il faut encourager les acteurs à restaurer certains liens rompus. Nous pensons que dans ce pays, des gens interviennent dans une même chaîne de production, pour les mêmes intérêts, mais très souvent, ils ne se parlent pas. D'où la dispersion des énergies qui cause énormément de tort à notre Collectivités. C'est la mission même de l'Observatoire : outiller les acteurs locaux et surveiller les élus locaux dans l'exercice de leurs missions.
Quelles sont les actions que vous comptez entreprendre dans le cours terme?
Nous avons initié une série de formations destinées aux différents acteurs répertoriés qui interviennent dans la chaîne de production locale. Nous avons commencé avec les délégués de quartier du département de Dakar qui avaient besoin d'être au diapason par rapport à leur rôle et à leurs missions relativement aux politiques publiques locales en matière de décentralisation. La formation destinée aux élus locaux nous a encore convaincu de la nécessité de réunir les acteurs et de l'urgence à dégager pour chacune des catégories d'acteurs une plateforme commune d'échange pour ensemble relever les défis. Nous sommes dans la phase d'identification des autres catégories d'acteurs comme les jeunes, les femmes, les artisans, les hommes de culture pour leur organiser des formations spécifiques. Nous envisageons de mettre en place un site web pour mieux faire connaître nos textes de loi portant sur la décentralisation, la démocratie locale, la gestion participative. Dans chacun de ces domaines, nous veillerons à l'exercice correct des missions qui sont justement dévolues aux Collectivités locales. Nous allons également chercher ce qui se fait de mieux ailleurs à titre de comparaison et d'échanges d'expériences. Il ne faut pas oublier que notre premier devoir en tant que Observatoire, c'est de suggérer et de faire des propositions pertinentes adossées à des expériences qui ont fait leurs résultats ailleurs.
Vous parlez souvent d'alerte. Est ce que cela veut dire que vous serez les gendarmes des élus locaux?
Non justement il ne faut pas tomber sur ces travers. Vous avez aujourd'hui dans ce pays des Institutions qui fonctionnent normalement et qui remplissent très bien leur rôle en matière d'encadrement et de réédition des comptes comme le Conseil d'Etat et la Cour des comptes. Notre premier souci, c'est de jouer notre partition à l'échelle locale comme le suggèrent implicitement et explicitement les textes de loi de la décentralisation. Les populations doivent participer activement à la gestion locale. Ce qui manquait jusque-là, c'est le cadre approprié. Notre ambition, c'est d'être les relais des populations.
Sauf revirement de dernière minute, les élections municipales, rurales et régionales auront lieu au mois de mars 2014. Qu'est ce que vous comptez faire dans le cadre du processus électoral ?
Avec la formation des délégués de quartier, nous avons insisté sur les transferts d'électeurs qui sont des pratiques courantes. Or le délégué de quartier est le premier maillon de la chaîne parce que c'est lui qui délivre les certificats de domicile. Ils ont été bien sensibilisés sur la question par les acteurs au premier plan comme le directeur de la formation et de la communication de la Direction générale des élections logées au ministère de l'Intérieur. Aujourd'hui, ils sont conscients de leurs rôles et de leurs missions et entendent l'exercer pleinement pour ne pas tomber sous le coup de la loi. Nous pensons que, pour ce qui concerne Dakar, ces pratiques répréhensibles seront un mauvais souvenir. Nous sommes également en train de voir comment travailler dans la sensibilisation des électeurs. La révision exceptionnelle des listes électorales a démarré la semaine dernière et à notre niveau, il est possible de faire quelque chose. Nous sommes en train d'explorer les pistes en rapport avec les délégués de quartier comme il a été fortement suggéré lors du séminaire. Je profite d'ailleurs de l'occasion pour remercier la Primature et la Ville de Dakar qui nous ont accompagné dans l'organisation.
On parle de plus de plus de réformer les textes de la décentralisation. Le gouvernement a lancé l'acte III qui devrait déboucher sur des propositions concrètes. Quelle est votre position?
Nous nous félicitons de cet acte en phase avec le programme du président de la République. Nous estimons qu'il faut réfléchir sur des pistes prioritaires comme le cumul des mandats et le profil des élus à la tête des Collectivités locales. Nous pensons qu'il faut aller vers une limitation du cumul des mandats. Il est aujourd'hui inconcevable, dans notre pays, de laisser des élus concentrer entre leurs mains plusieurs mandats alors qu'il y a beaucoup d'expertises qui ne peuvent pas être utilisées. De plus, le mandat local à lui seul est déjà très important pour être cumulé avec d'autres fonctions comme président de conseil d'administration, député ou directeur général d'entreprises publiques ou parapubliques.
Le profil est également un nouvel enjeu. Il n'est pas raisonnable de permettre à n'importe qui d'être maire, président de région ou de Communauté rurale. Un maire doit être ancré dans sa localité; il doit connaître et aimer sa commune. Il doit également avoir une bonne moralité et réunir les conditions intellectuelles nécessaires. Or ce n'est pas visiblement le cas dans toutes nos collectivités locales.
Abdoulaye THIAM
Sud Quotidien