Contribution/Développement:Stratégie de développement urbain du Grand Dakar : Pour une vision partagée d’un développement concerté de la région



Est-il possible de construire avec l’ensemble des acteurs impliqués dans la gestion urbaine, une vision partagée du développement de la métropole de Dakar pour le moyen et long termes ? Autour de quelles priorités économiques, sociales, environnementales et culturelles ? En mobilisant quelles catégories d’acteurs ? Avec quelles options de développement territorial ?

Peut-on définir une trajectoire partant de la situation actuelle de l’agglomération à la vision souhaitée et quels types de documents techniques et légaux et d’arrangements institutionnels mettre en place pour espérer traduire la stratégie de développement souhaitée dans les faits ?

Peut-on identifier un plan d’action réaliste conforme aux priorités définies par tous les acteurs concernés et le traduire en un programme décennal d’intervention dûment chiffré et un chronogramme de réalisation qui responsabilise toutes les parties prenantes ?

Au terme de l’exercice, sera t-on en mesure, de proposer une stratégie locale de réduction de la pauvreté et de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement ?

Pourra-t-on apporter des réponses justes aux problèmes posés par la gestion de la mobilité urbaine, les pollutions urbaines, la prolifération incontrôlée des extensions urbaines, l’habitat irrégulier, l’insuffisance des services de base pour la majorité de la population, la fragilisation écologique des territoires concernés par le développement de la métropole, la faiblesse des fonctions centrales et de leur marquage spatial, l’absence de cadres partagés entre les communes d’une part et entre les communes et le pouvoir central d’autre part ?

Voilà autant de questions auxquelles le projet « Stratégie de développement urbain du Grand Dakar » souhaite répondre à travers la formulation d’une vision partagée pour un aménagement concerté de la région de Dakar. Ce projet arrive bien à son heure au moment où les inondations enregistrées à Dakar et la banlieue posent avec acuité la lancinante question d’une gestion concertée, participative, et intégrée de la cité par les populations, les collectivités, l’Etat et les partenaires au développement.

Tant par sa conception, que par son approche et ses objectifs, ce projet constitue une nouvelle approche de gestion urbaine nécessitant la participation de toutes les catégories d’acteurs dans la recherche de solutions communes aux problèmes auxquels est confrontée la grande métropole de Dakar. Il apporte surtout des propositions de réponse à la « balkanisation des collectivités locales » par l’intercommunalisation qui permet de mutualiser les moyens et partant de les optimaliser.

Gestion équitable, participative et durable

Lancé à l’initiative de la Banque Mondiale et d’ONU-Habitat, par « l’Alliance pour l’Avenir des Villes », ce projet soutient l’amélioration de la gestion urbaine à travers principalement les stratégies de développement urbain (City Development Strategies) visant à définir une vision concertée pour une gestion équitable, participative et durable des villes afin d’améliorer les conditions de vie de tous les citadins.

Trois projets de stratégie de développement urbain sont mis en œuvre actuellement en Afrique de l’Ouest (Dakar, Ouagadougou et Cotonou).

L’agglomération de Dakar représente 0,28 % du territoire national, rassemble 25% de sa population et plus de 80% de l’économie du Sénégal. Elle est marquée par une croissance urbaine rapide, un manque criard de terrains à bâtir, de réserves foncières et d’équipements, un déficit de planification stratégique.

En effet, l’agglomération de Dakar est confrontée à une occupation spatiale déséquilibrée et désordonnée, une crise aigue du logement, un environnement urbain dégradé, des problèmes d’assainissement, de collecte et de gestion des ordures ménagères, une forte centralité de la ville Dakar par rapport au reste de la région et du pays et une absence d’harmonisation des politiques communales.

Face à ces problèmes on note une carence de documents de planification fixant sur le long terme les grandes orientations en matière d’urbanisme.

La région est caractérisée par un manque de concertation entre les services de l’administration, entre l’administration et les collectivités locales et entre les collectivités elles mêmes. Les populations, la société civile et du secteur privé participent peu à la gestion urbaine.

Parallèlement, l’organisation territoriale actuelle parait complexe, avec l’imbrication de plusieurs formes de gouvernance (commune, communautés rurales, région, communautés d’agglomérations) engendrant une fragmentation intercommunale, des conflits de pouvoirs entre différents échelons (administratif et institutionnel) et une approche sectorielle des politiques communales qu’il urge d’harmoniser.

Il y a certes plusieurs interventions en cours sur le tissu urbain (APIX, ANOCI, AMPMD, CETUD, ONAS, etc.), mais elles ne s’inscrivent pas dans un cadre cohérent d’aménagement territorial participatif.

C’est dans ce contexte complexe qu’est initié le projet « Stratégie de Développement urbain du Grand Dakar » appuyé par l’Alliances des Villes.

Enjeux du développement urbain du grand Dakar

Le projet « Stratégie de Développement Urbain du Grand Dakar » vise, entre autres objectifs, une amélioration de la qualité de vie des Dakarois, une amélioration de la gouvernance métropolitaine, un meilleur accès aux services de base et une croissance économique pour contribuer à réduire la pauvreté urbaine.

Il cherche la formulation participative d’une vision collective pour un aménagement concerté de la région métropolitaine de Dakar. Le projet promeut ainsi une nouvelle approche participative de gestion urbaine qui requiert l’implication de toutes les catégories d’acteurs et particulièrement de toutes les collectivités locales pour la recherche de solutions communes aux problèmes de l’agglomération de Dakar.

Le projet « Stratégie de Développement Urbain du Grand-Dakar » englobe l’ensemble de la région métropolitaine de Dakar. C’est un processus participatif et inclusif, pour bâtir une vision commune visant un développement harmonieux de l’agglomération.

Les principaux objectifs du projet de « Stratégie de Développement Urbain du Grand-Dakar » sont, entre autres, de mettre en place un dispositif de concertation, d’identifier les problèmes et les besoins objectifs sur la base des méthodes de diagnostic participatif, de formuler les orientations de développement de la métropole comme base de négociation avec les partenaires (nécessité de mise en cohérence et recherche de synergie/complémentarité des interventions en cours), de renforcer le cadre juridique et opérationnel de l’intercommunalité et d’élaboration d’un schéma régional, intercommunautaire et participatif de développement territorial pour la métropole (cadre de référence économique, social, environnemental et spatial du développement de l’agglomération – horizon 25 ans).

Pour ce faire, la stratégie préconisée est mise en cohérence avec le plan d’action du Sénégal sur les campagnes nationales pour la sécurité de l’occupation et de la bonne gouvernance urbaine, le programme « villes sans bidonvilles », et le programme « Agendas 21 Locaux » ainsi que les diverses stratégies urbaines et programmes (MCA, PRECOL, Plan Jaxay, DSRP, PDU, PRDI, etc.).


Eu égard aux nombreuses menaces environnementales qui pèsent sur l’agglomération de Dakar dont les récentes inondations constituent une illustration parfaite, la démarche est basée notamment sur la méthodologie développée par le PNUE dans le cadre du « GEOcities » et ONU Habitat dans le cadre des Programmes Cités Durables et Agenda 21 Local.

Ces démarches cherchent à impliquer l’ensemble des acteurs locaux dans l’identification des problèmes et la recherche de solutions.

Les impacts attendus et déjà perceptibles à travers les fora communautaires organisés dans les différentes collectivités locales impliquées dans le processus (Dakar-plateau, Parcelles Assainies, Guédiawaye, Bargny, Rufisque, Diamniadio, Sébikotane, Yène, Sangalkam), sont la mobilisation et l’adhésion de tous les acteurs socioéconomiques concernés, l’identification et meilleure connaissance des défis de développement du Grand Dakar. De même qu’une aptitude des autorités locales à inventer et appliquer des mesures correctives à travers un plan d’action participatif, une meilleure gestion du développement de l’agglomération dakaroise : un renforcement des capacités institutionnelles de maîtrise d’ouvrage communale, une mise en place des outils institutionnels et réglementaires d’aide à la décision, un renforcement de l’observatoire urbain local et du cadre d’intervention pour l’atteinte des OMD. La prise en compte des préoccupations environnementales, la promotion d’un développement urbain durable et la collaboration étroite entre les communes de l’agglomération pour une gestion rationnelle des questions qui relèvent de l’intercommunalité figurent également parmi les objectifs.

Plan d’action, investissements prioritaires et partenaires

Les activités ainsi préconisées consistent à identifier les bonnes pratiques au niveau de la démarche méthodologique dans les rapports GEO Cities (PNUE), le programme national d’appui aux Agendas 21 Locaux (ONU-HABITAT) et la démarche du CDS de l’Alliance des Villes, définir et s’accorder sur les mécanismes institutionnels et techniques pour formuler la stratégie et la mettre en œuvre de façon participative. Elles consistent aussi à recueillir par le biais de forums et de larges consultations les perceptions, les besoins, les attentes, la vision de toutes les catégories d’acteurs y compris les communautés à la base, à rechercher la cohérence entre les initiatives en cours, notamment le programme d’investissement du Gouvernement et des principaux partenaires du développement urbain (MCA, PAC, AFD, UE, etc.), le Programme national « Villes du Sénégal sans Bidonvilles », le programme national d’appui aux Agendas 21 Locaux, le Plan Jaxaay, le PRECOL, le PNDL.

Il s’agit enfin de formuler un plan d’action, d’œuvrer à l’identification des investissements prioritaires et des partenaires dans la mise en œuvre, au montage institutionnel par la mise en place d’un mécanisme de pilotage, au montage financier.

A mi parcours de la mise en œuvre du projet, on peut se réjouir de la participation populaire qui a accompagné le processus et qui s’est traduite à travers la mobilisation de tous les acteurs locaux, toutes catégories professionnelles confondues.

Mamadou Kassé, Journaliste (via Ferloo.com)
Conseiller du CDS
madoukasse@yahoo.fr

Accueil | Envoyer à un ami | Version imprimable | Augmenter la taille du texte | Diminuer la taille du texte
Contributions


Nouveau commentaire :


Dans la même rubrique :
1 2 3 4
Inscrivez-vous.entrez votre email pour garder le contact car nous avons besoin de vos avis et suggestions.merci d'avance