Le séminaire sur la bonne gouvernance dans les Institutions de Micro-Finance, organisées du 02 au 04 juin dernier par le Fonds d’impulsion à la micro-finance a fini de confirmer la méconnaissance par beaucoup de SFD des règles qui les régissent. Cet état de fait interpelle les pouvoirs publics comme les partenaires techniques et financiers pour aider les acteurs de la micro-finance à se « formaliser ».
En dépit de la forte volonté affichée ainsi pour redorer le blason du secteur, un circuit plein d’embûches doit être parcouru au Sénégal pour sortir la micro-finance de l’ornière. Tant il reste vrai que la bonne gouvernance dans une institution de micro-finance implique le respect scrupuleux de normes telles que la gestion du crédit, la gestion de l’épargne, voire la production d’états financiers….
Le mode de gouvernance constitue en vérité un facteur de risque et un défi permanent pour les IMF. Si l’histoire récente de la micro-finance fournit des exemples notoires de réussite, il reste constant que les crises et les faillites ont prospéré dans le secteur. Selon Mme Samb Diarra Sow, consultante en micro-finance, « la plupart de ces crises sont liées à des problèmes de gouvernance. Ce sont des conflits d’intérêts entre acteurs, des défaillances au niveau du système de contrôle, des blocages dans le processus de décision. Qui plus est, c’est aussi la crise de croissance. Tout cela constitue un risque permanent pour les IMF. C’est dire qu’aucune institution n’est réellement à l’abri ».
Pour autant, établit cette formatrice certifiée CAPAF qui animait le séminaire du Fonds d’impulsion de la micro-finance, le fait d’évoquer la gouvernance dans ce contexte de dysfonctionnement implique d’abord qu’on cerne les véritables problèmes auxquels les IMF se confrontent. Et Mme Samb d’indiquer sans ambages : « on avait vu que la gouvernance pour les IMF était un facteur essentiel de réussite ou d’échec. Le constat est que la gouvernance était sous-estimée et mal étudiée dans la majeure partie des cas ».
Soucieux de remédier à ce gap, le Fonds d’impulsion de la micro-finance a diligenté un atelier axé sur la gouvernance dans les IMF. Celui-ci avait convié à ses assises une dizaine d’IMF aux stades de développement différents avec notamment des caisses émergentes, des réseaux, des institutions émergentes, des réseaux d’institutions, voire des institutions de base.
« On s’est rendu compte que beaucoup d’institutions opéraient avec une méconnaissance et une absence totale de maîtrise des textes de base du cadre réglementaire. On avait aussi constaté qu’au niveau des rôles et des responsabilités, il y avait beaucoup de confusions », a déploré Mme Samb. Et l’animatrice du séminaire du Fonds d’impulsion à la micro-finance de préciser : « Quand on parle de bonne gouvernance, il faut d’abord commencer par maîtriser les textes de base, connaître son cadre juridique. Il faut aussi que les institutions aient une démarche claire qui repose sur une vision stratégique partagée par l’ensemble des acteurs au sein d’une institution de micro-finance ».
POUR UNE CHARTE DE LA BONNE GOUVERNANCE
Cette dynamique de bonne gouvernance engagée dans le secteur de la micro-finance implique également la prise en charge d’un aspect « important » des opérations de gestion qu’est le contrôle. Pour Mme Samb Diarra Sow, l’atelier du Fonds d’impulsion a permis de se rendre compte que : « généralement, les comités de surveillance en place ne maîtrisaient pas correctement leur rôle par manque de compétences ». Pour y remédier, elle a exhorté avec vigueur les IMF à se focaliser davantage sur des critères objectifs dans le choix de leurs dirigeants. « Il faut beaucoup insister sur le conseil de surveillance qui est chargé de faire le contrôle interne de ces institutions. On ne peut pas parler de bonne gouvernance s’il n’y a pas un contrôle efficace », a-t-elle déclaré.
Outre la nécessité des compétences de contrôle, la bonne gouvernance dans les IMF requiert tout autant, selon Mme Samb, le recours à un bon système d’information, lequel ne peut être fourni que par un personnel technique qualifié. « Si on n’a pas un bon système d’information, on ne peut pas prendre de bonnes décisions ou bien on ne les prend pas à temps ».
Sur la base de ces divers écueils relevés dans la gouvernance des IMF, le coordonnateur du Fonds d’impulsion de la micro-finance ne put alors s’empêcher de se demander : « Est-ce que même certaines grandes institutions ont atteint leur mission sociale ? » Pour M. Kader Ba, « le constat est que le souci majeur de la plupart des IMF, c’est la viabilité institutionnelle et la viabilité financière. Il ne faut pas perdre de vue que le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSPR) a clairement défini que la micro-finance doit contribuer à la lutte contre la pauvreté. Le reste est de savoir maintenant si ce sous-secteur a participé à l’atteinte des objectifs fixés dans le cadre de la lutte contre la pauvreté ». Pour le coordonnateur du Fonds d’impulsion de la micro-finance, « l’ensemble de ces questions montre la nécessite d’amener tous les acteurs à un consensus pour parvenir à établir une charte de la bonne gouvernance ». Et M. Bâ de conclure, dans la même veine, que la forte implication des associations consuméristes et un dialogue permanent avec l’Association Professionnelle des SFD est souhaitée pour mieux défendre les intérêts des déposants et des acteurs.
Très riche en enseignements, le séminaire du Fonds d’impulsion de la micro-finance a permis aux divers formateurs conviés à la tâche de recommander que les IMF ayant pris part à la rencontre élaborent un plan d’action, sur la base des outils et des grilles d’évaluation produits. Ce dernier instrument devrait permettre à chaque institution d’évaluer sa gouvernance et de disséquer ses problèmes. Dans la même lancée, il permettrait au Fonds d’impulsion, institué par décret n°205-878 du 03 octobre 2005 afin de faciliter le refinancement des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD), de garantir les emprunts de toute IMF, de renforcer ses capacités et d’en assurer le suivi opérationnel.
La bonne gouvernance est de nos jours un enjeu stratégique pour la viabilité des IMF tant sur le plan financier, institutionnel que social, finit par déclarer Mme Samb Diarra Sow. « Actuellement, le souci du secteur, c’est de professionnaliser et de pérenniser les actions des IMF. Ce qui met la gouvernance au cœur du processus ». Malheureusement, a-t-elle admis, la gouvernance reste une question complexe qui était souvent traitée de façon incomplète. « La gouvernance ne se limite pas uniquement aux relations entre Conseil d’administration et personnels. Elle va de la vision stratégique au contrôle en passant par le système d’information. Chaque acteur, que ce soit au niveau interne ou externe, a une influence dans les prises de décision et cela va déterminer la forme de prise de décision ».
UNE NOUVELLE REGLEMENTATION POUR REDUIRE LES GAPS
L’environnement au sein duquel évoluent les IMF est également un facteur essentiel dans le processus de la bonne gouvernance. Une nouvelle réglementation vient d’ailleurs d’être votée à l’Assemblée nationale. Au bout du compte, la charte vise à impulser plus de professionnalisme au secteur de la micro-finance.
Pour Mme Samb Diarra Sow, la nouvelle réglementation va faciliter la prise en compte de certains problèmes. « On avait constaté qu’il y avait une défaillance dans le contrôle mais aussi des problèmes au niveau de l’entrée. Avec la nouvelle réglementation, c’est le système d’agrément unique qui est exigé pour l’ensemble des IMF ». Et l’animatrice du séminaire du Fonds d’impulsion d’attester, en guise de conclusion, « En plus de la nouvelle réglementation qui entend régler certains points, la Lettre de Politique Sectorielle de la Micro-Finance va permettre de mener beaucoup d’actions, surtout au niveau du renforcement des capacités des Systèmes Financiers Décentralisés ».
Sud Quotidien
En dépit de la forte volonté affichée ainsi pour redorer le blason du secteur, un circuit plein d’embûches doit être parcouru au Sénégal pour sortir la micro-finance de l’ornière. Tant il reste vrai que la bonne gouvernance dans une institution de micro-finance implique le respect scrupuleux de normes telles que la gestion du crédit, la gestion de l’épargne, voire la production d’états financiers….
Le mode de gouvernance constitue en vérité un facteur de risque et un défi permanent pour les IMF. Si l’histoire récente de la micro-finance fournit des exemples notoires de réussite, il reste constant que les crises et les faillites ont prospéré dans le secteur. Selon Mme Samb Diarra Sow, consultante en micro-finance, « la plupart de ces crises sont liées à des problèmes de gouvernance. Ce sont des conflits d’intérêts entre acteurs, des défaillances au niveau du système de contrôle, des blocages dans le processus de décision. Qui plus est, c’est aussi la crise de croissance. Tout cela constitue un risque permanent pour les IMF. C’est dire qu’aucune institution n’est réellement à l’abri ».
Pour autant, établit cette formatrice certifiée CAPAF qui animait le séminaire du Fonds d’impulsion de la micro-finance, le fait d’évoquer la gouvernance dans ce contexte de dysfonctionnement implique d’abord qu’on cerne les véritables problèmes auxquels les IMF se confrontent. Et Mme Samb d’indiquer sans ambages : « on avait vu que la gouvernance pour les IMF était un facteur essentiel de réussite ou d’échec. Le constat est que la gouvernance était sous-estimée et mal étudiée dans la majeure partie des cas ».
Soucieux de remédier à ce gap, le Fonds d’impulsion de la micro-finance a diligenté un atelier axé sur la gouvernance dans les IMF. Celui-ci avait convié à ses assises une dizaine d’IMF aux stades de développement différents avec notamment des caisses émergentes, des réseaux, des institutions émergentes, des réseaux d’institutions, voire des institutions de base.
« On s’est rendu compte que beaucoup d’institutions opéraient avec une méconnaissance et une absence totale de maîtrise des textes de base du cadre réglementaire. On avait aussi constaté qu’au niveau des rôles et des responsabilités, il y avait beaucoup de confusions », a déploré Mme Samb. Et l’animatrice du séminaire du Fonds d’impulsion à la micro-finance de préciser : « Quand on parle de bonne gouvernance, il faut d’abord commencer par maîtriser les textes de base, connaître son cadre juridique. Il faut aussi que les institutions aient une démarche claire qui repose sur une vision stratégique partagée par l’ensemble des acteurs au sein d’une institution de micro-finance ».
POUR UNE CHARTE DE LA BONNE GOUVERNANCE
Cette dynamique de bonne gouvernance engagée dans le secteur de la micro-finance implique également la prise en charge d’un aspect « important » des opérations de gestion qu’est le contrôle. Pour Mme Samb Diarra Sow, l’atelier du Fonds d’impulsion a permis de se rendre compte que : « généralement, les comités de surveillance en place ne maîtrisaient pas correctement leur rôle par manque de compétences ». Pour y remédier, elle a exhorté avec vigueur les IMF à se focaliser davantage sur des critères objectifs dans le choix de leurs dirigeants. « Il faut beaucoup insister sur le conseil de surveillance qui est chargé de faire le contrôle interne de ces institutions. On ne peut pas parler de bonne gouvernance s’il n’y a pas un contrôle efficace », a-t-elle déclaré.
Outre la nécessité des compétences de contrôle, la bonne gouvernance dans les IMF requiert tout autant, selon Mme Samb, le recours à un bon système d’information, lequel ne peut être fourni que par un personnel technique qualifié. « Si on n’a pas un bon système d’information, on ne peut pas prendre de bonnes décisions ou bien on ne les prend pas à temps ».
Sur la base de ces divers écueils relevés dans la gouvernance des IMF, le coordonnateur du Fonds d’impulsion de la micro-finance ne put alors s’empêcher de se demander : « Est-ce que même certaines grandes institutions ont atteint leur mission sociale ? » Pour M. Kader Ba, « le constat est que le souci majeur de la plupart des IMF, c’est la viabilité institutionnelle et la viabilité financière. Il ne faut pas perdre de vue que le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSPR) a clairement défini que la micro-finance doit contribuer à la lutte contre la pauvreté. Le reste est de savoir maintenant si ce sous-secteur a participé à l’atteinte des objectifs fixés dans le cadre de la lutte contre la pauvreté ». Pour le coordonnateur du Fonds d’impulsion de la micro-finance, « l’ensemble de ces questions montre la nécessite d’amener tous les acteurs à un consensus pour parvenir à établir une charte de la bonne gouvernance ». Et M. Bâ de conclure, dans la même veine, que la forte implication des associations consuméristes et un dialogue permanent avec l’Association Professionnelle des SFD est souhaitée pour mieux défendre les intérêts des déposants et des acteurs.
Très riche en enseignements, le séminaire du Fonds d’impulsion de la micro-finance a permis aux divers formateurs conviés à la tâche de recommander que les IMF ayant pris part à la rencontre élaborent un plan d’action, sur la base des outils et des grilles d’évaluation produits. Ce dernier instrument devrait permettre à chaque institution d’évaluer sa gouvernance et de disséquer ses problèmes. Dans la même lancée, il permettrait au Fonds d’impulsion, institué par décret n°205-878 du 03 octobre 2005 afin de faciliter le refinancement des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD), de garantir les emprunts de toute IMF, de renforcer ses capacités et d’en assurer le suivi opérationnel.
La bonne gouvernance est de nos jours un enjeu stratégique pour la viabilité des IMF tant sur le plan financier, institutionnel que social, finit par déclarer Mme Samb Diarra Sow. « Actuellement, le souci du secteur, c’est de professionnaliser et de pérenniser les actions des IMF. Ce qui met la gouvernance au cœur du processus ». Malheureusement, a-t-elle admis, la gouvernance reste une question complexe qui était souvent traitée de façon incomplète. « La gouvernance ne se limite pas uniquement aux relations entre Conseil d’administration et personnels. Elle va de la vision stratégique au contrôle en passant par le système d’information. Chaque acteur, que ce soit au niveau interne ou externe, a une influence dans les prises de décision et cela va déterminer la forme de prise de décision ».
UNE NOUVELLE REGLEMENTATION POUR REDUIRE LES GAPS
L’environnement au sein duquel évoluent les IMF est également un facteur essentiel dans le processus de la bonne gouvernance. Une nouvelle réglementation vient d’ailleurs d’être votée à l’Assemblée nationale. Au bout du compte, la charte vise à impulser plus de professionnalisme au secteur de la micro-finance.
Pour Mme Samb Diarra Sow, la nouvelle réglementation va faciliter la prise en compte de certains problèmes. « On avait constaté qu’il y avait une défaillance dans le contrôle mais aussi des problèmes au niveau de l’entrée. Avec la nouvelle réglementation, c’est le système d’agrément unique qui est exigé pour l’ensemble des IMF ». Et l’animatrice du séminaire du Fonds d’impulsion d’attester, en guise de conclusion, « En plus de la nouvelle réglementation qui entend régler certains points, la Lettre de Politique Sectorielle de la Micro-Finance va permettre de mener beaucoup d’actions, surtout au niveau du renforcement des capacités des Systèmes Financiers Décentralisés ».
Sud Quotidien