Mme Ingeborg Maria BREUER, représentante -résidente du Pam au SENEGAL : «Le Pam a appuyé 380 nouvelles banques céréalières»



Dans son appui aux ménages vulnérables, le Programme alimentaire mondial (Pam), s’est illustré par diverses actions aux Sénégal : cantines scolaires, nutrition des enfants, développement rural et le « cash voucher » qui est un projet pilote de bons d’achat alimentaires développé à Pikine et à Ziguinchor. Des actions que la nouvelle représentante-résidente du Pam Sénégal, Mme Ingeborg Maria Breuer, compte renforcer.

 

Quels sont les principaux axes d’intervention du Pam au Sénégal ?

 

Le Pam est présent au Sénégal depuis 1960. Depuis lors, nous travaillons de façon étroite avec le gouvernement du Sénégal pour améliorer la situation alimentaire et nutritionnelle des populations. Nos interventions sont focalisées sur quatre domaines principaux : le développement rural, les cantines scolaires, la nutrition et le « cash voucher » qui a été piloté avec le soutien de l’Union européenne, dans les zones urbaines les plus vulnérables. Nous avons une très bonne collaboration en ce qui concerne ces programmes notamment avec la Primature (la Cellule de lutte contre la malnutrition et le Secrétariat exécutif à la sécurité alimentaire), et les ministères en charge de l’Economie et des Finances, de l’Agriculture, de la Famille et des Organisations féminines, de l’Environnement et de la Protection de la nature,  de l’Education et de la Santé.

 

Comptez-vous renforcer ces différentes initiatives au Sénégal ?

 

Effectivement, nous sommes sur le point de finaliser deux nouveaux programmes très importants pour le Sénégal, dès janvier 2012. Il s’agit du programme de pays (2011-2016), basé sur les priorités du Document de politique économique et social (2012-2015), et aligné sur le Plan cadre des Nations Unies pour le développement (2012-2016), et couvrant les régions hors Casamance. Le second programme (2012-2014), est essentiellement basé sur la Casamance naturelle (Ziguinchor, Kolda et Sédhiou). Mais les quatre domaines que j’ai cités plus haut seront la base sur laquelle nous comptons renforcer nos activités dans le pays.

 

Existe-t-il un risque d’insécurité alimentaire au Sénégal ?

 

Il y a toujours des risques en ce qui concerne l’insécurité alimentaire dans la région du Sahel. Ces risques périodiques sont liés à la  sécheresse et sont toujours présents. Il nous faut donc y veiller pour pouvoir alerter à temps les décideurs afin de les prévenir et éviter les crises. C’est ce qui nous a amené à collaborer avec le Secrétariat exécutif du Conseil national à la sécurité alimentaire (Se/Cnsa), pour renforcer le Système d’alerte précoce (Sap), avec lequel nous faisons  le suivi de la situation alimentaire et de la nutrition dans les 14 régions du Sénégal. Nous sommes aussi en train de formuler avec le gouvernement du Sénégal les mesures à adopter pour protéger les ménages vulnérables contre la hausse des prix des denrées.  Et comme nous l’avons indiqué lors de la consultation conjointe Fao/ Cedeao sur la hausse des prix (du 6 au 7 octobre dernier), nous avons lancé deux projets pour limiter les conséquences de la hausse des prix sur les ménages.  L’un de ces projets a concerné la mise en place, avec la collaboration du ministère de l’Agriculture, de banques céréalières villageoises (Bcv).  Entre 2009 et 2011, le Pam a appuyé 380 nouvelles banques touchant près de 223 000 bénéficiaires. Ces Bcv implantées en milieu rural jouent un rôle stabilisateur pour éviter la fluctuation des prix dans les marchés en période de soudure. Le second projet expérimenté en milieu urbain est le « cash voucher » que nous avons piloté à Pikine et à Ziguinchor.

Près de 100 000 personnes ont été assistées dans le cadre de ce programme pilote. Des ménages vulnérables ont été identifiés avec les leaders communautaires. Nous avons ensuite fait la vérification des listes proposées avec les Ong partenaires et les autorités locales. Ce programme est maintenant terminé à Pikine et, actuellement, il tire à sa fin à Ziguinchor.  C’est un programme qui a eu beaucoup de succès auprès des bénéficiaires et des acteurs communautaires. Nous avons eu l’opportunité de renforcer la résistance aux chocs des ménages les plus pauvres, en améliorant leur consommation alimentaire. Nous avons aussi contribué aux efforts du gouvernement du Sénégal, pour permettre le renforcement et la mise en œuvre des stratégies de protection sociale.

 

Est-ce que, au Sénégal, il y a des zones qui sont beaucoup plus touchées par l’insécurité alimentaire que d’autres ?

 

Avant de commencer le projet pilote du « cash voucher », nous avons fait une enquête à Pikine, Kaolack et Ziguinchor pour voir comment la hausse des prix a impacté sur la sécurité alimentaire de ces ménages. Cela nous a permis de voir que 15,6 % des ménages enquêtés à Pikine étaient en insécurité alimentaire, 27 % à Ziguinchor, et pour Kaolack, 8,6% des ménages étaient touchés par le phénomène.  A partir de cette enquête, nous avons décidé de concentrer toutes les ressources que nous avions sur Pikine et Ziguinchor. Ensuite, grâce à l’appui des autorités locales,  nous avons pu  cibler  les quartiers et les ménages les plus vulnérables. Ce partenariat avec le gouvernement du Sénégal et l’Union européenne a été un franc succès et a permis de protéger ces ménages et de renforcer leur sécurité alimentaire menacée par la hausse des prix.

Propos recueillis par Maguette NDONG
Le Soleil

 


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