
Les taux d’intérêts appliqués par les institutions de microcrédit sont très décriés par l’entreprenariat social. Directeur général du réseau Pamecas, Mamadou Touré trouve pour sa part ces taux raisonnables et les justifie par les nombreuses charges de fonctionnement qui pèsent sur ces institutions.
Wal Fadjri : Pourquoi les taux d’intérêts de votre institution sont élevés ?
Mamadou TOURE : Les ressources coûtent cher. Nous empruntons à 9 %, ou à 6 % au meilleur des cas. Or, avec ces taux d’emprunt un peu élevés, nous devons ensuite faire face à des charges récurrentes de fonctionnement. Et si nous ne le supportons pas à travers les taux d’intérêts, nous les supporterons à travers l’épargne des populations. De plus, si aujourd’hui le réseau Pamecas compte plus de 350 mille membres, il n’y a que 70 mille qui empruntent. Donc, nous ne pouvons pas privilégier cette minorité au détriment de la majorité dont nous devons recycler l’argent en le prêtant à d’autres Sénégalais. Les taux d’intérêts sont raisonnables. Car, c’est un partenariat gagnant-gagnant.
Wal Fadjri : On a constaté que la plupart des projets que vous financez échouent. Quelles sont les mesures d’accompagnement que vous comptez mettre en œuvre pour parer à cela ?
Mamadou TOURE : Nous avons toujours prévu des mesures d’accompagnements, surtout pour les femmes. D’abord, au niveau de la formation. Et quand on se rend compte que ce projet n’est pas viable, on ne le finance pas. Mais, il est aussi vrai que souvent quand on finance, on se rend compte qu’il y a des difficultés. C’est pourquoi, nous avons été la première institution de micro-finance à mettre en place un fonds de garantie pour les femmes afin de leurs permettre de bénéficier de crédit facilement. Quand on mettait en place l’institution, il n’y avait que 30 % de femmes. Et aujourd’hui, on se retrouve avec 52 % de femmes parmi notre clientèle. Cependant, je ne pense pas que les projets aient échoué. Car, des 24 milliards de crédit alloués, il n’y a qu’un milliard de francs Cfa qui n’a pas encore été correctement recouvré.
Wal Fadjri : Avec les effets de crise économique, vos clients arrivent-ils à rembourser à temps ?
Mamadou TOURE : J’avoue que cette année, nous avons vécu un taux de retard beaucoup plus important. Mais, cela il faut qu’on le gère même si on doit s’attendre à ce que 2009 soit pire que 2008. Et les conséquences peuvent être multiples. D’abord, si on ne parvient pas à redresser la barre, on va devoir diminuer l’argent que l’on mettait à la disposition de populations. Le montant du crédit sera donc diminué. Un autre impact pourrait également se faire sentir au niveau des emplois qui seront menacés. Mais, il faut qu’on dise aux Sénégalais la vérité : il n’y a pas de génération spontanée et on ne peut pas vivre dans l’assistanat. Il faut que les personnes qui s’engagent dans des activités génératrices de revenus puissent payer les crédits qu’elles ont empruntés. Car, si on ne va pas vers cette dynamique, ce sera un éternel recommencement.
Propos recueillis par Seyni DIOP
Wal Fadjri
Wal Fadjri : Pourquoi les taux d’intérêts de votre institution sont élevés ?
Mamadou TOURE : Les ressources coûtent cher. Nous empruntons à 9 %, ou à 6 % au meilleur des cas. Or, avec ces taux d’emprunt un peu élevés, nous devons ensuite faire face à des charges récurrentes de fonctionnement. Et si nous ne le supportons pas à travers les taux d’intérêts, nous les supporterons à travers l’épargne des populations. De plus, si aujourd’hui le réseau Pamecas compte plus de 350 mille membres, il n’y a que 70 mille qui empruntent. Donc, nous ne pouvons pas privilégier cette minorité au détriment de la majorité dont nous devons recycler l’argent en le prêtant à d’autres Sénégalais. Les taux d’intérêts sont raisonnables. Car, c’est un partenariat gagnant-gagnant.
Wal Fadjri : On a constaté que la plupart des projets que vous financez échouent. Quelles sont les mesures d’accompagnement que vous comptez mettre en œuvre pour parer à cela ?
Mamadou TOURE : Nous avons toujours prévu des mesures d’accompagnements, surtout pour les femmes. D’abord, au niveau de la formation. Et quand on se rend compte que ce projet n’est pas viable, on ne le finance pas. Mais, il est aussi vrai que souvent quand on finance, on se rend compte qu’il y a des difficultés. C’est pourquoi, nous avons été la première institution de micro-finance à mettre en place un fonds de garantie pour les femmes afin de leurs permettre de bénéficier de crédit facilement. Quand on mettait en place l’institution, il n’y avait que 30 % de femmes. Et aujourd’hui, on se retrouve avec 52 % de femmes parmi notre clientèle. Cependant, je ne pense pas que les projets aient échoué. Car, des 24 milliards de crédit alloués, il n’y a qu’un milliard de francs Cfa qui n’a pas encore été correctement recouvré.
Wal Fadjri : Avec les effets de crise économique, vos clients arrivent-ils à rembourser à temps ?
Mamadou TOURE : J’avoue que cette année, nous avons vécu un taux de retard beaucoup plus important. Mais, cela il faut qu’on le gère même si on doit s’attendre à ce que 2009 soit pire que 2008. Et les conséquences peuvent être multiples. D’abord, si on ne parvient pas à redresser la barre, on va devoir diminuer l’argent que l’on mettait à la disposition de populations. Le montant du crédit sera donc diminué. Un autre impact pourrait également se faire sentir au niveau des emplois qui seront menacés. Mais, il faut qu’on dise aux Sénégalais la vérité : il n’y a pas de génération spontanée et on ne peut pas vivre dans l’assistanat. Il faut que les personnes qui s’engagent dans des activités génératrices de revenus puissent payer les crédits qu’elles ont empruntés. Car, si on ne va pas vers cette dynamique, ce sera un éternel recommencement.
Propos recueillis par Seyni DIOP
Wal Fadjri