Foundiougne, 23 fév (APS) - Des femmes de Foundiougne, qui éprouvent des difficultés dans la commercialisation du poisson et d’autres fruits de mer à cause de la concurrence des grossistes et de la rareté de l’argent, déclarent qu’elles voteront pour le candidat ou la candidate qui donnera des garanties, quant à la résolution de ce problème.
Au marché de Foundiougne, le vent souffle et soulève la poussière. Cela ne décourage pas les vendeuses de produits de mer. Elles ont mal de n’avoir entendu ‘’un seul candidat à l’élection présidentielle évoquer ces difficultés’’.
Elles ont une doléance : se faire financer. Satou, Saly et Adji Cissé, de jeunes mères de famille n’hésitent pas à menacer de sanctionner les candidats qui ne prennent pas leurs doléances au sérieux.
Première à se lamenter, Satou, la quarantaine bien sonnée déclare : ‘’Ce qui nous intéresse ce sont les financements pour le commerce des femmes. Et personne ne dit rien sur cela. Dans ces conditions d’ailleurs, je préfère ne pas voter. Tout est cher et nous n’avons rien mais nous avons nos cartes et c’est devenu une arme pour obtenir ce que l’on veut’’.
Dans un enchevêtrement de tables servant à exposer les produits de mer frais ou séchés, Saly Ndong s’avance pour renchérir sur la nécessité de trouver des financements pour améliorer leur commerce.
‘’Nous avons besoin de financement pour acheter directement chez les pêcheurs. C’est ce qui nous permettra d’avoir des marges de bénéfices. Nous avons aussi besoin d’une usine sur place pour la transformation des produits halieutiques et des camions frigorifiques pour la conservation du poisson’’, détaille-t-elle.
Saly Ndong ajoute : ‘’Nous sommes fatiguées de payer de la glace pour conserver les poissons et puis il y a des coupures permanente du courant’’.
Moins jeune mais pas moins préoccupée que Satou, Adji Cissé ne porte pas de gants pour dire son mécontentement, à l’endroit des politiciens.
Elle relève que ‘’personne ne s’occupe’’ de ces braves mères de famille qui bravent vent, chaleur et poussière, afin d’améliorer le quotidien dans la famille.
‘’Regardez, nous vendons sous le chaud soleil avec toute cette poussière alors qu’à chaque vote, nous leur jetons nos cartes. Pour venir ici, nous passons la nuit à la belle étoile à l’embarcadère. Nous habitons sur une île et exploitons les ressources de cette île-là mais nous n’avons pas d’endroit pour vendre nos produits’’, énumère-t-elle comme pour nous prendre à témoin.
Elle poursuit en faisant remarquer qu’elles sont obligés d’attendre le marché hebdomadaire pour écouler leurs produits.
‘’Non seulement, les candidats ne viennent pas vers nous, mais ne pensent même pas à nous... Les politiciens doivent construire un marché adapté où nous pouvons garder nos marchandises’’, affirme Adji.
Plus loin, un groupe de femmes attire l’attention. Elles font partie des rares à parler politique où les affaires semblent avoir pris le pas sur la chose politique en dépit de la campagne électorale qui bat son plein.
‘’Celui qui veut nos cartes doit nous financer. Personne ne vote plus sans intérêt. Ce temps là est révolu. Maintenant c’est du donnant-donnant’’, indique Ndeye Fatou Sarr.
Se voulant plus précise, elle attend du candidat qui souhaite avoir le vote des femmes commerçantes de ce marché ‘’une voiture spéciale pour le transport des poissons’’.
’’Nous sommes fatiguées de nous bagarrer avec les apprentis qui, en plus de fixer des prix exorbitants, détruisent nos marchandises’’, ajoute-t-elle.
‘’Nous avons besoin de voiture pour aller directement de Foundiougne à Joal ou à Djifer ou encore à Mbour, ce serait mieux pour tous car les clients trouvent nos prix chers alors que nous payons le kilogramme du poisson sec à 450 francs. Après le transport, on le revend à 600 francs et pourtant les clients trouvent ce prix cher. Nous sommes obligées de vendre le kilogramme à 500 francs’’, ajoute la commerçante.
En outre, elle déplore que le microcrédit qui est seriné à tout bout de chant dans les médias, reste dans le domaine de la théorie pour elle.
‘’Si nous avions accès aux microcrédits, nous pourrions acheter des frigos ou garder les restes de nos produits ainsi cela nous éviterait certains dégâts’’, soutient Mary Sène assise sur une bassine, devant ses poissons qu’elle vend à 1000 francs le kilogramme.
Elle est coupée net par Mary qui place une autre doléance.‘’Il faudrait que les prétendants au pouvoir pensent à la réduction de l’essence. Si le poisson est devenu si cher, c’est aussi parce que les pêcheurs payent cher le carburant’’, lance-t-elle comme pour dire que les commerçantes et les pêcheurs ont les mêmes difficultés.
KS/AD