Matam : une réponse communautaire mise en oeuvre face à la malnutrition



Matam, 5 juin (APS) – Gourel Serigne, Diamel, Windi, Seddo Sebbé, Dounga Alpha, Sinthiou Garba. Soit autant de villages du département de Matam qui ont pris à bras-le-corps le problème de la malnutrition touchant les enfants de ces villages à cause de mauvaises récoltes ayant induit une période de soudure trop éprouvante.

Situé à 5 km de la ville de Matam, sur la route menant au lycée, le village de Diamel reçoit ainsi deux fois par semaine les relais communautaires et les animateurs de l’organisation Union pour la solidarité et l’entraide (USE) pour la pesée et le dépistage des enfants malnutris.

Réunies sur la place du village, les femmes assises sur des nattes, leurs enfants sur les genoux ou en train de téter, elles attendent leur tour pour soumettre leurs petits aux relais, fiche de surveillance nutritionnelle entre les mains.

L’âge, le poids, la taille sont ainsi pris pour les comparer aux chiffres sur la fiche qui détermine le rapport normal poids/taille en fonction de l’âge.

La malnutrition se détecte lorsqu’on calcule le rapport poids/taille. Signe extérieur de la malnutrition : l’enfant "est trop maigre". Sa prévalence est importante entre 0 et 24 mois. La malnutrition aiguë se développe en lien avec une situation ponctuelle de manque ou de manques répétés (période de soudure, épidémie sévère, conflit).

C’est le cas aujourd’hui de la région de Matam qui a été identifiée par une enquête nutritionnelle de la Division de l’alimentation, de la nutrition et de la survie de l’enfant (DANSE) comme étant la plus touchée par la malnutrition des enfants de 0 à 5ans.

C’est pourquoi à Diamel, Gourel Serigne comme dans les quartiers de Ourossogui, des relais ont initié des rencontres où des séances de pesée sont organisées, en même temps que des causeries pour sensibiliser les mères sur la nécessité d’une bonne alimentation saine afin d’assurer la survie des enfants.

Au cours de ces rencontres tenues sur la place publique ou au sein de la Case des tout-petits, selon le village, les relais communautaires font des démonstrations culinaires avec des farines enrichies. Les recettes simples et nutritives sont ainsi expliquées aux mamans.

L’USE travaille avec Counterpart International, une ONG américaine, sur la question de la nutrition chez les enfants, a rappelé Thierno Aliou Bâ, son président depuis 2008.

C’est en 2010 que le Gouvernement du Sénégal a pris la décision à travers la Cellule de lutte contre la malnutrition (CLM) de confier à l’USE le Programme de renforcement nutritionnel dans la région de Matam et une partie du département de Podor.

Dans la région de Matam, l’USE est présent depuis 1975. En collaboration avec les services techniques, notamment le ministère de la Santé et les autorités administratives, l’USE a engagé ce travail parce qu’étant une organisation d’appui au développement.

"Les grands défis dans la région pour la survie de l’enfant, restent la question de l’eau, de l’hygiène et de la vaccination de routine qui rencontre encore des réticences au niveau des communautés", confie pour sa part le responsable du Bureau régional de l’éducation et de l’information pour la santé (BREIPS) logé à la région médicale.

En effet, dans certaines régions comme le Djéry, le Dandé Mayo ou encore le Ferlo, l’eau du fleuve sert aussi à boire et le nomadisme des populations ne permet pas un bon suivi du Programme élargi de vaccination (PEV), selon le responsable du BREIPS, Rokhaya Diop.

C’est pourquoi aussi bien pour ces questions que celle de la malnutrition, le Breips déroule un plan de communication axé essentiellement sur la sensibilisation et l’information en collaboration avec les relais communautaires, les animateurs de quartiers, les "Bajenu Gox" (marraines de quartiers) et les radios communautaires.

Inlassablement, elles sillonnent les villages avec les autorités du district sanitaire à travers des stratégies avancés de prise en charge pour amener les communautés à reconnaître les signes de malnutrition pour référer les enfants leurs dans les structures sanitaires où le traitement est gratuit dans les Centres de récupération nutritionnelle.

Une cinquantaine d’animateurs, de sociologues, d’agents communautaires de base sont ainsi mis à contribution dans l’ensemble de la région pour lutter contre la pauvreté et aider les enfants à grandir normalement, à se développer à partir des céréales locales enrichies et du lait thérapeutique Plumpy-nut offert par l’UNICEF.

Pour le président, la réponse à la question de la malnutrition consiste d’abord pour les populations à compter sur leurs propres ressources et leurs propres moyens. C’est pourquoi, "c’est à partir des céréales locales que l’organisation a formé des femmes à pouvoir améliorer l’existant, "inventer une nourriture saine propre et adaptée aux enfants par des séances d’information et de formation. Cela pour que les communautés puissent se nourrir et nourrir leurs enfants sainement", selon Thierno Aliou Bâ.

Dans les sites visités, les populations ont été mobilisées pour amener leurs enfants et participer aux démonstrations culinaires. En quelques mois, suivant les conseils des agents de santé appuyés par les relais, les enfants sont dépistés et pris en charge au niveau communautaire si la malnutrition est modérée.

En cas de malnutrition sévère (MAS) l’enfant dépisté est référé au niveau du district sanitaire ou de l’hôpital de Ourrosogui qui disposent de Centre de récupération nutritionnelle (CREN).

Là, l’enfant est hospitalisé et pris en charge gratuitement grâce à l’appui de partenaires venus participer à la réponse de l’Etat face à la malnutrition qui sévit dans la région, d’après une enquête de la Division alimentation, nutrition et survie de l’enfant (DANSE) menée dans la région en novembre 2011.

ADL/BK

 Envoyée spéciale : Adama Diouf Ly

 



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