Vélingara : Les populations tournent le dos à l’excision et au mariage précoce

Plus de 5 000 villages du département de Vélingara pratiquent l’excision à hauteur de 93,8 %, selon une enquête réalisée par Eds IV. Pour amener ces populations à tourner le dos à ce fléau et au mariage précoce, une déclaration d’abandon public de ces deux pratiques nuisibles à la santé de la femme a été organisée hier à Vélingara.



(Correspondance) - Les populations du département de Vélingara ont décidé d’abandonner l’excision et les mariages précoces et forcés. La déclaration d’abandon public a eu lieu dimanche au terrain Bopp de la commune, en présence des autorités administratives, de l’Ong Tostan, de l’Unicef et de milliers de personnes venues des deux Guinée, de la Gambie et de la Mauritanie. La cérémonie a été présidée par le directeur de cabinet du ministère de Famille, de la Solidarité nationale, de l’Entreprenariat féminin et de la Micro-finance, Boubacar Traoré.

La pratique de l’excision et des mariages précoces est très ancienne dans cette partie du Fouladou. Avec un taux de 93,8 %, ce sont plus de 5 000 villages qui pratiquent l’excision, selon une enquête réalisée par Eds IV.

Conséquence, le taux de mortalité infantile et maternelle a atteint un niveau inquiétant. Face à au drame qui frappe ces personnes vulnérables, l’Ong Tostan, appuyée par l’Unicef et le gouvernement du Sénégal, a mis en œuvre un programme de renforcement des capacités communautaires dans des centaines de communautés de cette partie du Fouladou. Et les Soninkés habitant le long de la frontière avec la Gambie ont été particulièrement ciblés par ce programme. Parce que cette communauté est très réfractaire à l’abandon de ces pratiques traditionnelles jugées néfastes à la santé. Très conservateurs, ces Soninkés ont toujours été réticents à renoncer à ces pratiques. D’ailleurs, quelques jours après l’adoption par l’Assemblée nationale de la loi contre l’excision, il a été constaté un flux de ces populations traversant la frontière pour se rendre dans le village gambien d’à-côté pour y exciser leurs filles. Il fallait combattre le mal à la racine et c’est ainsi que Tostan s’est installée en Gambie depuis 2007 pour y abattre le même travail de sensibilisation.

Selon Boubacar Traoré, ‘malgré cela, des doutes persistent quant à l’abandon de ces pratiques dans une localité où les femmes n’ont pas voix au chapitre’. Les raisons culturelles et religieuses sont à l’origine de ces comportements, même si la présidente du comité de gestion communautaire, Mme Diagana, soutient le contraire. Lors du panel de Médina Mary, elle a expliqué à l’assistance que ‘les femmes soninkés sont soumises à leurs maris. Mais grâce au programme de renforcement des capacités dont nous avons bénéficié, nous échangeons quotidiennement avec eux sur des questions qui intéressent la famille ou la communauté’.

Dans cette partie sud du Sénégal, des dizaines de filles courent toujours le risque de subir une mutilation génitale, alors que tout le monde sait que l’excision constitue une violation des droits des femmes et des filles. Une étude récente de l’Oms effectuée dans six pays africains a rapporté qu’en plus des complications physiques immédiates telles que l’hémorragie, l’infection aiguë, la blessure du tissu adjacent, des complications psychologiques et complications obstétricales en résultent. Malgré ces menaces qui pèsent toujours sur les filles, le mérite revient à Tostan d’avoir installé le débat dans ces communautés et surtout d’avoir fait prendre conscience à ces populations analphabètes de la nécessité d’abandonner l’excision, les mariages précoces et forcés qui ne font que nuire à la santé de la fille et de la femme. L’accent doit être ainsi accordé au suivi de ces programmes déjà exécutés et à la capacitation des jeunes plus aptes à appréhender la problématique de l’abandon définitif de ces fléaux pour réduire considérablement les mortalités infantiles et maternelles au Fouladou.

Quoi qu’il en soit, l’éradication définitive de ces fléaux au Fouladou passe par une implication plus soutenue des hommes dans le processus parce que suivant les normes établies par la société locale, seuls ces derniers décident du devenir des filles. En outre, si les hommes refusent d’épouser des femmes excisées, ce phénomène disparaîtra définitivement des us et coutumes des populations de cette partie sud du Sénégal, reconnaît un membre d’une Ong de la place.

Cheikh DIENG
Wal Fadjri

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