Course vers les énergies de substitution : Pas de développement des agro-carburants au détriment de la sécurité alimentaire



La crise énergétique que vit la planète, étant appelée à perdurer, place à la course vers les énergies de substitution. Mais, préviennent les spécialistes réunis à Thiès pour les besoins de réflexion sur le sujet, il ne faudrait pas que l’agro-carburant vienne concurrencer les cultures vivrières.

(Correspondance) - ‘S’il est vrai que les factures pétrolières pèsent de tous leurs poids sur l’économie nationale en pompant un peu plus de 40 % des budgets destinés à l’importation, il est tout aussi vrai que la course vers la recherche des énergies de substitution comme les agro-carburants ne doit pas se faire au détriment de l’écosystème et de la sécurité alimentaire’. Cette vérité est la mieux partagée par les différents intervenants à l’atelier de réflexion sur les agro-carburants. Lequel atelier s’est tenu à Thiès sous l’égide de l’Ong Green Sénégal, la fédération des Ongs du Sénégal (Fongs) et l’Aprofes. Il s’agissait, si l’on en croit Ibrahima Fall, responsable de programme agricole et environnement de l’Ong Grenn Sénégal, de réfléchir avec les organisations de producteurs et des chercheurs introduits dans le secteur des bio-carburants sur la compatibilité entre le développement des agro-carburants et la diversité biologique des espèces végétales du pays. En somme de voir si le développement des agro-carburants n’aura pas des effets néfastes sur la sécurité alimentaire.

Selon le Docteur Saliou Ndiaye de l’Ufr/Sadr de Thiès, depuis quelque temps, le Sénégal, à l’instar de beaucoup de pays dans le monde, axe sa stratégie de lutte contre la tyrannie du pétrole, dont le prix ne cesse de grimper autour de la culture des bio-carburants avec une préférence affichée sur le tabanani ou Jatropha Curcas de son nom scientifique. Mais, tient-il à préciser, il serait une erreur de ne pas prendre en compte, au moment de l’élaboration de ces stratégies de lutte, le contexte de crise alimentaire qui secoue le monde. Une crise que l’on dit d’ailleurs être la conséquence de la flambée incontrôlée du baril de pétrole. Aussi estime-t-il qu’il faille faire en sorte que l’agro-carburant ne vienne pas concurrencer les cultures vivrières. ‘Leurs cultures (des bio carburants) ne doivent pas se faire au détriment des usages alimentaires ni au prix de la destruction des écosystèmes’, prévient le docteur Saliou Ndiaye qui est d’avis que l’essor des agro-carburants ne peut et ne doit se faire sans un débat préalable sur la sécurité alimentaire. Ce qui, poursuit-il, nécessite un code de conduite en matière d’emblavement des terres. Car même si, déjà, il est prévu exclusivement l’utilisation de terres marginales, donc non arables, pour les accueillir, il est à craindre que ces cultures finissent plus tard par prendre le pas sur toutes les autres cultures.

Ces craintes sont aussi partagées par Modou Bara Gaye, consultant en production de bio diesel au programme de gestion durable et participatif des énergies traditionnelles et de substitution. Pour ce dernier, il ne fait aucun doute qu’il pourrait y avoir, avec le développement des agro-carburants, des problèmes de sécurité alimentaire. Mais, poursuit-il, cela ne devrait pas nous amener à ne pas développer une politique de substitution face au problème du pétrole fossile. Ceci d’autant que la crise énergétique que nous vivons, va perdurer. Car, selon lui, qu’on le veille ou pas, la baisse du prix du baril n’est pas pour demain. Mais aussi qu’il est de plus en plus évident que les réserves de pétrole fossile vont s’épuiser d’ici 50 à 60 ans. Aussi le consultant d’estimer qu’il est plus qu’impérieux d’asseoir des politiques de substitution même s’il est vrai qu’il peut comporter des risques sur la souveraineté alimentaire. Ainsi il s’est dit convaincu qu’il urge de mettre d’ores et déjà sur pied des stratégies qui permettraient à la limite de ne pas créer beaucoup de problèmes en ce qui concerne la sécurité alimentaire.

Toutefois, tient-il à préciser, il n’y a pas péril en la demeure puisqu’il est presque certain que la culture du Jatropha sur laquelle repose la politique définie par le Sénégal ne peut pas concurrencer les cultures vivrières et peut représenter une solution de sortie de crise.

Wal Fadjri

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