DEGRADATION DE LA RESERVE BIOSPHERE DANS LE DELTA DU SALOUM DES MILLIERS D’HECTARES DETRUITS CHAQUE ANNEE



De 500.000 hectares en 1988, la superficie couverte par la réserve Biosphère du Delta du Saloum a fortement été réduite au courant de ces dernières années. Même si, aujourd’hui, on se refuse de dire qu’elle a été diminuée à moitié, on peut quand mentionner que cette bande de terre marécageuse couvrant la mangrove et ses écosystèmes est maintenant inférieure à 300.000 ha et a perdu beaucoup d’espèces animales et végétales durant cette période.

Malgré les efforts considérables fournis par l’Etat et certains de ses partenaires au développement dans le dessein de restaurer ces forêts, le phénomène persiste de plus en plus sous le regard passif des collectivités locales, les seules habilitées à apporter des solutions idoines à cette question environnementale. La baisse du système pluviométrique constatée au Sénégal entre les années 70 et 99, le réchauffement climatique, l’augmentation des températures et celle de la salinité de l’eau, l’acidification des terres, l’aménagement de sites industriels sans aucune étude menée au préalable et l’ensablement des bolongs causé par les multiples érosions hydrauliques et éoliennes constituent certes les principaux facteurs environnementaux de dégradation, mais ils sont encore loin de justifier les proportions inquiétantes qu’a connues le phénomène au cours de ces dix (10) dernières années.

Pour cause, dans la plupart des collectivités installées dans le Delta, la coupe abusive de l’espèce Rhizophora Mangue et même de l’Avicennias porte dangereusement préjudice aux nombreuses opérations de reboisement et de régénération déroulées dans la zone et empêche largement aux populations de tirer profit de ces richesses. Outre la construction traditionnelle qui oblige la plupart des populations à aller couper la mangrove pour se ravitailler en bois, et qui tend aujourd’hui à disparaître du fait de la sensibilisation et de l’adoption des nouvelles techniques de construction de cases en bois industriel, l’une des causes de l’exploitation abusive de la Mangrove est aussi liée à la transformation du poisson frais en produit braisé. Une activité qui génère d’importantes richesses pour les populations, mais qui est aussi facteur potentiel de désertification et d’élimination progressive de la Biosphère.

LES INSTITUTIONS LOCALES, ABONNEES ABSENTES

Aujourd’hui, sur les deux (2) rives du Fleuve menant vers les îles du Gandour, des villages entiers sont installés avec des batteries de fours et des tonnes de bois coupées dans la Mangrove et devant servir à la cuisson des produis halieutiques. Des milliers de personnes, en majorité des étrangers, poursuivent en toute quiétude leurs activités dévastatrices dans ces lieux isolés. Non seulement elles n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque interpellation par les institutions locales, naturellement chargées des questions environnementales, mais il se trouve aussi que le seul service des Eaux et Forêts qui existe dans le département de Foundiougne, ne regroupe que deux (2) éléments et ne dispose non plus d’aucune logistique pour assurer la surveillance des écosystèmes dans les îles.

D’après certains responsables de « Wetland Sénégal», organisation non gouvernementale, auteur d’une restauration et régénération d’une superficie de 216 ha dans les collectivités de Joal-Fadiouth et Foundiougne, d’autres carrés de la réserve Biosphère sont menacés de disparition si aucune solution n’est apportée à ce phénomène. Car, au moment où les programmes de sensibilisation commencent déjà à jaillir et porter leurs fruits dans les sociétés, avec en appui l’utilisation des foyers améliorés au sein des concessions et le besoin de protéger les écosystèmes par des techniques modernes et communautaires, de telles pratiques occultes peuvent tout chambouler si aucune mesure répressive n’est prise pour les dissuader.


Abdoulaye FALL
Sud Quotidien

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Développement durable


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