DEVELOPPEMENT- Financement de microprojets à Sédhiou

Les Collectivités locales manquent de transparence

Le Fonds local pour le développement de Sédhiou (Flds) a convié toutes les collectivités locales de la région à une rencontre pour l’évaluation de l’exécution des microprojets de sa première phase de développement et pour la validation de ceux de la 2e phase. La direction du Fonds a mis le doigt sur des irrégularités dans plus de 95% des dossiers.



ur les 23 collectivités locales de l’ancien département de Sédhiou, seules deux ont eu leur dossier validé. Les autres dossiers ont été entachés de plusieurs irrégularités. Le comité départemental de pilotage (Cdp) du projet a remarqué que la plupart des dossiers ne contenait pas de procès verbal de délibération du conseil rural. Cette pièce capitale indique que le projet émane de la volonté populaire et de la politique de développement du conseil rural. Certains Présidents de conseil rural (Pcr), rattrapés par les délais, ont tenté d’imiter la signature de tous les membres du conseil. Ce qui n’a pas échappé à la vigilance du Cdp.
Dans nombre de dossiers, on a également noté l’absence du registre de commerce autorisant le Gie ou le groupement à exercer une activité commerciale. Là aussi, devant l’urgence des délais, un Pcr a falsifié son registre de commerce et raturé plusieurs endroits. Le Fdls a exigé le renouvellement de ce document au plus vite.

NEpotisme, faux et usage de faux et falsification de documents administratifs
Le Cdp a décelé, dans la communauté rurale de Diaroumé, de graves manquements sur un Gie qui, après avoir reçu son fonds de roulement pour l’exploitation d’un moulin à mil, n’a jamais versé un centime dans le compte du projet. Au contraire, il versait les recettes, selon les témoignages de certaines autorités du projet dans son propre compte.
Toujours dans la série des irrégularités et d’usage de faux, des présidents de fédération et d’association ont créé des Gie familiaux, dont les membres étaient tous parents. Pis, pour capter le maximum de fonds, ils se sont retrouvés dans plusieurs Gie avec des responsabilités différentes croyant ainsi pouvoir déjouer la vigilance du Flds.
Il y a eu aussi des Pcr tellement soucieux de leur base politique qu’ils ont voulu concentrer l’essentiel des microprojets dans un ou deux villages de leur localité seulement. Ce qui, aux yeux des techniciens, risque de déséquilibrer le développement local de la région, contrairement au respect du manuel de procédure qui ne veut laisser aucune zone en rade.
Mais de l’avis des Pcr, il y a des villages qui manquent manifestement de volonté et de motivation. Le cas précis de Kéréwane dans la communauté rurale de Dianah Malary a été cité en triste exemple. Dans cette localité, les bénéficiaires d’un microprojet maraîcher exigent encore de l’argent pour désherber et dessoucher le périmètre, sans quoi, ils ne tenteront aucune activité sur cette surface. Pourtant, le fonds local leur avait déjà octroyé 100 000 francs, puis une rallonge de 50 000 francs, qu’ils jugent dérisoires. Pour ne pas se retrouver dans un bras de fer en arrachant le périmètre pour le confier à d’autres, des solutions n’ont pas manqué. Il a été proposé de saucissonner la surface en autant de parcelles que de bénéficiaires et laisser à chacun le soin de nettoyer sa parcelle. Mais, l’idée de renforcer la sensibilisation a été plus agitée, afin de conscientiser toutes les populations sur la nécessité de s’investir pour relever les défis qui interpellent la nouvelle région.
La communauté rurale de Kolibantang a aussi retenu l’attention de tous. Selon les techniciens du Flds, cette localité demeure la plus pauvre de la nouvelle région. Cependant de l’avis de ses élus locaux, elle ne fait aucun effort pour sortir de l’ornière du sous-développement. Selon son Pcr ainsi que ses voisins immédiats, Kolibantang est allergique à la contrepartie financière exigée pour pouvoir espérer bénéficier d’un financement.

Les difficultEs dans l’exEcution de la premiEre phase
Des problèmes plus généraux ont été également notés dans l’exécution de la première phase. Il s’agit de l’achat de motopompes dont la capacité n’est pas adaptée au débit des puits. Pour M. Boubacar Diallo, le chef de service des puits et forages qui, visiblement n’a pas été impliqué dans le choix de ces motopompes, les puits risquent de s’assécher si l’on continue d’utiliser ce genre d’engins, dont la puissance est supérieure à celle des motopompes des forages. Les gestionnaires des Gie ont constaté que les puits se vident en une fraction de seconde et mettent plus de deux heures avant de recueillir encore de l’eau. M. Diallo conseille d’arrêter immédiatement ces motopompes, le temps de les remplacer par d’autres, si l’on ne veut pas assécher définitivement les puits. Ce qui, de son avis, causerait encore plus de peine, vu le coût des investissements.
A Marsassoum, le maire s’est surtout plaint de la construction d’une piste qui malheureusement n’a pas été sécurisée par un canal pour réduire l’effet des eaux de ruissellement qui risquent de tout emporter à la saison hivernale prochaine. Autre lamentation du maire, la disparition de l’entrepreneur qui, après avoir reçu son avance et contracté un prêt de 4 millions auprès du Crédit mutuel, s’est volatilisé sans aucune trace. Le Flds menace, à ce sujet, de rompre le contrat avec tous les entrepreneurs peu scrupuleux.
Dans sa mission d’assurer le développement équilibré de la région, le Fonds local pour le développement de Sédhiou a invité toutes les collectivités à revoir leur copie. Mais surtout, à faire preuve de pragmatisme, de transparence mais aussi d’efficacité, en veillant à l’impact des projets de cette deuxième phase, d’un montant global de 459 millions de francs et en faisant en sorte que leur coût ne soit pas plus élevé que le budget alloué à la collectivité.

Le Quotidien

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