Pour atteindre une souveraineté alimentaire : Le Cncr veut que les greniers soient remplis dans cinq ans



Le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) a engagé depuis, hier, une grosse bagarre. Il veut que la notion de souveraineté alimentaire soit une réalité. Pour y arriver, les ruraux assignent, toutefois, à l’Etat un certain nombre d’obligations comme le respect de la déclaration de Maputo. Cette dernière demande aux Etats de consacrer 10 % de leur budget à l’agriculture. Ce n’est pas encore le cas chez nous.

La conclusion de l’atelier de trois jours du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) est belle. Cette structure de producteurs agricoles s’engage, en effet, à contribuer à l’atteinte, dans les cinq ans à venir, à la souveraineté alimentaire. C’est du moins le vœu exprimé dans un document dit ‘Déclaration finale’, dont nous avons pu avoir copie. Cette position des ruraux vient couronner un atelier international sur le thème : ‘La crise alimentaire : les voix paysannes vers les voies de la souveraineté alimentaire’. Cette notion de souveraineté alimentaire fait suite à l’autosuffisance alimentaire qui date des années 60. C’est le contexte d’après guerre et des indépendances africaines. Puis arrive vers les années 80-90, le concept de sécurité alimentaire. Là, on pensait que la meilleure façon de nourrir le monde, c’était de déplacer des nourritures. La crise alimentaire caractérisée par la flambée des prix des céréales en a montré les limites. De quoi faire de sorte que les pays décident de leur politique alimentaire. C’est cela, pour le Cncr, la souveraineté alimentaire.

Pour les ruraux, elle suppose ‘la reconnaissance du statut des producteurs et de leurs organisations, celle de titre de propriété, du droit de produire et la mise en place d’instruments d’appui adéquats’, avertit le président du Cncr, Samba Guèye. L’Etat du Sénégal s’est vu défricher le champ à cultiver pour atteindre la souveraineté. Il devra, entre autres, selon les ruraux, favoriser une concertation entre les acteurs pour une mise en place d’une politique agricole et alimentaire, créer un environnement propice à l’investissement privé. Aussi, importera-t-il, de promouvoir une réforme foncière attribuant des titres de propriété aux exploitations agricoles familiales et de mettre en œuvre la loi d’orientationagro-sylvo-pastorale et la déclaration de Maputo demandant de consacrer au moins 10 % du budget national à l’agriculture.

Prenant la parole, Mamadou Cissokho s’est fait tranchant. ‘Ne nous trompons pas, on est cultivateur et on refuse de manger notre production’, a-t-il fustigé. Et puis, raille Cissokho, ‘Aller à Touba ne suffit pas pour être mouride. Tout comme sacrifier au Gamou de Tivaouane ne définit pas le tidjane’. ‘Ce n’est pas une affaire de gouvernement, c’est en nous’, lâche Cissokho non sans avertir : ‘La nourriture facile n’est plus de mise. La surproduction n’est plus possible’ La raison ? ‘Les cultivateurs ne sont plus nombreux, les terres aussi. On a l’exemple des Niayes où les Sénégalais ont érigé des constructions là où on devait voir des champs fleurir’. Des plaies qu’il ne suffit pas, selon Mamadou Cissokho, d’étaler sur la place publique, c’est connu de tous. N’empêche, M. Guèye est d’avis que la production agricole locale est encore faible et insuffisante pour satisfaire les besoins alimentaires de la population et atteindre la souveraineté alimentaire face à l’accroissement démographique, l’exode rural et à l’urbanisation croissante. De quoi promouvoir, pour le patron du Cncr, une agriculture familiale, productive, compétitive et durable, une des voies majeures du développement des activités paysannes.

Wal Fadjri

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