ÉTUDE D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL DE L’AIDB : La durabilité au plus fort tarif



L’aéroport international Blaise Diagne, implanté dans le village de Diass (dans la région administrative de Thiès), à 45 km de Dakar, a fait l’objet d’une évaluation environnementale et sociale qui a été réalisée conformément aux procédures et aux politiques opérationnelles de la Banque mondiale. Dans cette étude d’impact environnemental et social, conduite dans le cadre de la réalisation de l’Aéroport international Blaise Diagne au Sénégal, la société Aibd présente, outre un plan de réinstallation des populations, les principales conclusions de cette évaluation environnementale et sociale et les principales actions à mener dans le cadre du Plan de gestion environnemental et social de ce projet. La construction de cet aéroport considéré comme un hub régional qui favorisera le développement économique et touristique du Sénégal est motivée par la nécessité de construire un nouvel aéroport au Sénégal liée aux fortes contraintes techniques et anomalies environnementales induites par l’emplacement actuel de l’Aéroport international Léopold Sédar Senghor (Ailss), situé à 9 km du centre de la capitale, Dakar. « Le Soleil », qui a pu avoir une copie de ce document, en dresse ici une synthèse.

Impacts cumulés et initiatives complémentaires

A l’échelle globale du développement économique au Sénégal, la fermeture de l’Aéroport international Léopold Sédar Senghor (Ailss) peut mener au déclin des emplois et aux perspectives de développement dans la région de Dakar où l’aéroport est actuellement situé, surtout à court terme. A moyen et long termes, on prévoit que ceux-ci seront contrebalancés par de nouveaux développement proposés pour le site à être libéré (zone Franche, Propriété industrielle, etc.). Alors que les impacts sociaux et économiques de la construction de l’exploitation de l’Aibd sont considérés potentiellement importants.

Même s’il n’y aura pas de changement fondamental et négatif des systèmes économiques et sociaux des communautés affectées perçu comme inévitable. En effet, sous certains scénarios, il est possible d’envisager des communautés économiquement plus fortes appliquant des systèmes de production agricole modifiés et plus intense sur le moyen terme.

Toutefois, les changements introduits par l’application des développements régionaux planifiés dans la zone de Diass, en particulier la Zone économique spéciale intégrée de Diass (Zesid), peuvent avoir des impacts plus importants.Les perceptions d’injustice seraient extrêmement élevées, en particulier dans le cas où d’autres personnes/communautés bénéficient directement du projet ou quand d’autres personnes/communautés participent dans l’augmentation des problèmes encourus par les communautés locales en monétarisant l’économie et en introduisant des pressions inflationnistes pour les biens et services, laissant les membres incapables à s’offrir des biens et services de base dans leur propre communauté.

Des initiatives complémentaires visant le développement économique et le développement socioculturel des communautés affectées existent pour le projet. Ces initiatives comprennent le Plan d’action sociale de l’Aibd qui inclut la construction des équipements sociaux de base (cases de santé, écoles, etc.) ; l’élaboration d’une étude de diversification économique ; la considération d’un schéma directeur d’urbanisme pour l’organisation de l’espace et de l’aménagement du territoire dans la zone dans le site de réinstallation ; et un partenariat entre l’Aibd. Sa et l’Agence nationale pour le retour vers l’agriculture (Anreva) qui encadrera les groupements de producteurs qui le souhaitent dans l’agriculture, et notamment les cultures d’exportation.

COUTS SOCIAUX ET REEQUILIBRAGES GEOSTRATEGIQUES : Vers une nouvelle plate-forme économique régionale

Environ 1,3 million de personnes habitent dans la zone d’impact de l’aéroport dans la région de Thiès. En tenant compte des potentialités économiques et le poids accordé à la région dans le plan national, il s’avère que Thiès est considéré comme un pôle attracteur de la population de l’avenir, et pourrait franchir1,7 millions d’habitants d’ici à l’an 2015.

Les deux communautés rurales (Diass et Keur Mousa) affectées par le projet de l’aéroport comptent environ 38.000 habitants. Les populations affectées par le projet sont : les personnes à déplacer (les localités de Kessoukhate-Centre, Mbadate et Kathialite dans le village de Kessoukhate) qui représentent 343 ménages soit 2.661 personnes ; les populations de village d’accueil (Lene, Landou, Touly et Soune) ; les populations des villages de Kirène et Diass (qui ont perdu des parcelles agricoles).

La population féminine dans les villages recensés représente 48,7 %. Les résultats de l’enquête socio-économique indiquent clairement l’existence d’une population jeune, ce qui va exercer une forte pression sur les ressources des communautés, principalement en termes d’eau, de terres agricoles et d’emplois. Les hommes sont majoritairement des chefs de ménages. On note aussi un phénomène d’exode rural journalier vers les grands centres urbains à la recherche d’emploi dans le secteur agricole et les secteurs secondaire et tertiaire. Dans les cinq dernières années, la population de la Cr de Keur Moussa a augmenté à un taux de 3,7 %.

Selon la hiérarchie des centres humains, Diass est le village le plus affecté par le projet. Son développement est lié principalement aux activités des centres urbains. En dépit de son importance, on note une pénurie des services fournis aux populations dans les secteurs de santé, les services hydrauliques et les infrastructures éducatives. L’Aibd soutient les populations locales en matière d’accès d’eau, d’éducation et de services de santé.La population locale travaille majoritairement dans le secteur agricole qui compte plus de 20 % des personnes occupées. L’agriculture consiste en une culture vivrière entreprise à proximité dans les petits champs des villages. La zone a connu un rétrécissement notable des terres agricoles exploitées localement, dû principalement au projet de l’aéroport. L’élevage extensif est aussi menacé par le projet qui a engendré un manque de pâturage et l’absence de parcours pour le bétail causant des conflits entre éleveurs et agriculteurs.

Les activités du secteur de la construction (la vente des blocs de bétons et de briques et les travaux dans les chantiers de construction) se sont concentrées autour des carrières et des cimenteries.

Les activités commerciales sont caractérisées par une présence importante des marchands ambulants dans les grandes villes et les centres urbains. Dans le milieu rural, le commerce concerne surtout les femmes, au niveau des routes nationales.

Les activités de services collectifs, sociaux et personnels sont également notables dans les villages. L’économie des villages affectés n’est ni diversifiée ni suffisamment développée pour assurer le gagne-pain des populations rurales. A cause de l’incertitude liée au travail, qui est pour la plupart à temps partiel, les populations locales sont très vulnérables dans leurs moyens d’existence et sont très susceptibles d’être affectées par les moyens de la région.

D’après un aperçu de la situation actuelle, il s’avère que la région se heurte à de nombreuses contraintes socio-économiques dont une forte urbanisation et une population majoritaire en âge de travailler, des opportunités très limitées de création d’emplois, un haut niveau de pauvreté dans le secteur rural, des ressources limitées à exploiter en milieu rural, des contraintes significatives dans les secteurs principaux liées aux facteurs géographiques (enclavement des villages, pénurie des ressources, perte des terrains agricoles, etc.), manque d’accès au crédit et insuffisance en approvisionnement en électricité, en eau potable et assainissement et pauvreté du réseau de transport. Cependant, la région vante des atouts liés à sa localisation, une main d’œuvre expérimentée, des infrastructures sociales et des réseaux de transport déjà en place. L’essor économique de la région dépend des projets de grand travaux (Aibd, Disez, Zones touristiques, autoroutes et routes d’accès, etc.), et à la fois des projets encadrés dans le Ptip (Programme triennal d’investissement régionaux) et Prdi (Plans régionaux des développement intégré).

Le potentiel économique de la région de Thiès devra subir une relance à travers de grands projets planifiés dans l’infrastructure et les secteurs sociaux dans le cadre des Plans régionaux de développement intégré (Prdi), ainsi que le Programme triennal d’investissements régionaux (Ptir). L’Aibd et la Zes sont les deux plus grands projets qui risquent de générer l’impact potentiel le plus grand. Les autres projets visent à améliorer l’accès régional et fournissent les moyens d’exploiter ces ressources.

(A suivre)

Dossier réalisé par Moustapha SENE
Le Soleil

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