Le village de Ndem est un modèle de développement à copier

Dakar, 1-er nov (APS) – Le village de Ndem, situé dans le département de Bambey (centre), a été présenté jeudi à Dakar comme un modèle de développement à succès, qu'il faut vulgariser partout au Sénégal.

L’ONG des villageois de Ndem procédait, le même jour au village dakarois de Ngor, à l’inauguration de ce qui est considéré comme le ''premier espace dédié au commerce équitable en Afrique de l’Ouest''.

''Cet espace [a pour] vocation de soutenir, par ses bénéfices, les actions sociales de plus d’une vingtaine de villages'' que polarise cette localité de la région de Diourbel, affirment ses promoteurs. La galerie d’art installée à Ngor par des ressortissants de Ndem exposera les œuvres des artisans membres de l'ONG. Elle est dotée d’une structure d’accueil de six chambres réservées aux visiteurs.

Ndem est doté d’une école élémentaire, d’un établissement préscolaire, d’une mutuelle de santé, d’un poste de santé, d’une boulangerie, de deux périmètres maraîchers employant chacun une vingtaine de personnes, selon Babacar Ngom, le président du conseil rural de Ngogom, dont dépend administrativement le village.

La poterie, la vannerie, la teinture, le tannage, la menuiserie, le tissage et d’autres arts sont enseignés aux jeunes de Ndem et des villages environnants. Ils disposent, depuis quelques années, d’un ''centre des métiers et des arts'', selon Amath Thiam de la Direction de l’artisanat, au ministère de la Formation professionnelle, de l'Apprentissage et de l'Artisanat.

M. Thiam magnifie ce ''modèle de développement non copié de l’étranger'', estimant qu'il est ''à dupliquer partout au Sénégal''. ''Le centre des métiers et des arts de Ndem emploie 350 jeunes et fait vivre directement et indirectement 4.800 personnes'', déclare le fonctionnaire. ''C’est la seule localité du Sénégal où il n’y a pas de chômage'', jure-t-il.

''Ndem est la concrétisation de nos idéaux, de tout ce que nous voudrions réaliser pour notre pays quand nous étions jeunes'', réagit l’ancien ministre de l’Artisanat, Landing Savané, présenté comme un ami de longue date de Serigne Babacar Mbow.

M. Mbow, un ressortissant de Ndem, a longtemps séjourné en Europe. Il est présenté comme le concepteur du modèle de développement déroulé à Ndem. ''Il (M. Mbow) n’a pas compté sur l’Etat pour faire cela'', tient à signaler Pape Diouf, le ministre de la Pêche et des Affaires maritimes.

Le modèle de développement basé sur l'artisanat fait de ce village ''une référence au Sénégal'', selon M. Diouf. ''Il n’y avait rien à Ndem, il y a quelques années. C’est remarquable ce qu’il y a là-bas maintenant. Le développement à la base, il faut y croire'', vante M. Diouf, un ressortissant de ce terroir.

''C’est magnifique !'', lance la Belge Mathilde D’Hooge, toute admirative devant les tisserands en activité, dans les locaux de la galerie d'art ''Maam Samba'', dont l'inauguration a réuni de nombreux ressortissants de Bambey.

L’ouverture du village artisanal à Dakar procède d’une ''démarche de proximité avec la capitale'', selon Amath Thiam.

L’installation de ce village artisanal à Ngor est d’autant plus opportune que beaucoup de Sénégalais ignorent la créativité des artisans de Ndem, pense Mme D’Hooge, qui apprécie les œuvres d'art : ''C’est précieux. Tout est travaillé à la main.''

La galerie d'art installée à Dakar permettra d’''augmenter la marge bénéficiaire des artisans'' de Ndem, selon Assane Mboup, un membre de l’ONG créée en 2006 en remplacement d’une association vieille de 15 ans et polarisant une vingtaine de villages.

La réussite économique du village de Ndem dépasse les frontières du Sénégal, selon un représentant de la structure ''Chico Mendes'', basée en Italie. ''Cela fait 14 ans que nous achetons les produits de Ndem, qui sont placés dans 300 boutiques de commerce équitable en Italie'', témoigne-t-il.

Ce modèle de développement émerveille le secrétaire permanent de la Stratégie de croissance accélérée (SCA), Ibrahima Wade : ''Je suis étonné par ce que j’ai vu à Ndem. […] Ndem est le concentré de tous les OMD (Objectifs du millénaire pour le développement]. Tous les huit OMD sont en train d’être poursuivis à Ndem. Il faut y aller pour le croire.''

''Nous sommes allés en Malaisie, en Chine, dans les deux Corée (du Nord et du Sud) pour trouver un modèle de développement. Revenons au Sénégal pour copier le modèle de Ndem. Il suffit d’en avoir 100 dans le pays, pour résoudre le problème du chômage et l’encombrement [humain] dans nos villes'', recommande le secrétaire permanent de la SCA, une structure placée sous la tutelle du Premier ministre.

La galerie ''Maam Samba'' est bien accueillie à Ngor, selon le chef de ce village. ''C’est un maillon important dans la chaîne de développement du village'', dit-il fièrement, en présence du maire de la ville de Bambey, Aïda Mbodj, du ministre Pape Diouf et d'autres ressortissants de cette localité.

''En Belgique, on trouve des produits africains à bas prix. L’artisan africain n’est pas bien rémunéré. Il faut que la marge bénéficiaire soit équitable pour tous'', plaide Mathilde D'Hooge, parmi les premiers visiteurs de la galerie d'art.

Mbissane Diop, l’un des artisans membres de l’ONG, chiffre ses revenus à ''12 mille francs CFA, tous les cinq voire six jours''. ''Il nous arrive d'avoir des commandes [...] en provenance du Burkina Faso, d’Espagne, d’Italie ou de Suisse'', confie M. Diop, un tisserand doublé d’agriculteur.

Amath Thiam préconise le déroulement d’une ''campagne de mobilisation autour de l’espace +Maam Samba+, pour le faire connaître aux touristes''.

Selon ses promoteurs, la galerie ''Maam Samba'' a reçu une certification de l’Organisation mondiale du commerce équitable. Les succès des artisans de Ndem et de leurs partenaires étrangers font dire au ministre Pape Diouf que ''la coopération Nord-Sud est une question de dignité et de complémentarité, et pas de dépendance''.

ESF/AD