Marie Josee JACOBS, ministre de la coopération de Luxembourg : «Notre coopération avec le Sénégal est basée sur une intervention participative»



Après le succès remporté par les deux premiers programmes indicatifs de coopération (Pic), le Grand-Duché de Luxembourg et le Sénégal ont signé la troisième phase qui permettra de consolider les acquis en matière de formation professionnelle, de santé, d’hydraulique et d’assainissement. Pour Mme Marie-Josée Jacobs, la coopération entre son pays et le Sénégal est au beau fixe, en ce sens qu’elle est basée sur une intervention participative.

 

Mme le Ministre, pouvez-vous nous faire un bilan de la coopération entre le Grand-Duché et le Sénégal ?

 

Je dois dire que les réalisations faites dans le cadre de la coopération entre le Grand-Duché de Luxembourg et le Sénégal sont satisfaisantes à plus d’un titre. Au départ, le Sénégal était, depuis des années, un pays cible, maintenant c’est un pays partenaire, parce que notre coopération ne définit pas, au Luxembourg, la politique qui est exercée sur place. C’est avec le gouvernement du Sénégal que nous déterminons la politique et les objectifs les plus importants et aussi par la manière dont le pays a les stratégies de travail, par exemple dans la formation professionnelle, la formation de base. Nous discutons ensemble pour arriver à mettre sur place un programme indicatif de coopération (pic). Nous avons signé le 3e Pic avec le ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop. Nous nous orientons aussi bien vers les nouvelles visions de l’aide au développement pour la conférence d’Accra, de Paris sur l’efficacité de l’aide et aussi la programmation. C’est dans ce sens que nous avons donc signé ce troisième programme qui est exécuté en grande partie par notre agence Lux-Développement qui est sur place et fait un travail remarquable. Je crois qu’ensemble, avec les différentes parties, il y a un certain nombre d’Ong luxembourgeoises qui sont sur le terrain, même si elles ne travaillent pas dans des secteurs de préférence du ministère. Elles sont soutenues parce que nous trouvons qu’il est important d’avoir le soutien de la société civile au Luxembourg.

 

La formation professionnelle, la santé, l’hydraulique, l’assainissement sont autant de volets que le Grand-Duché de Luxembourg prend en compte dans les différents programmes de coopération. Pourquoi ce choix ?

 

Dans le temps, on avait différents secteurs. Finalement, aussi bien au niveau européen qu’au niveau de l’Ocde, on dit qu’il faut avoir moins de pays et se concentrer sur des secteurs où l’on a une certaine compétence. C’est pourquoi dans le nouveau Pic, il y a une nouveauté, c’est-à-dire que nous avons une coopération déléguée de la part de la Belgique dans la formation professionnelle avec l’argent de la Belgique que nous recevons pour terminer ce projet et, de l’autre côté, nous avons délégué une coopération justement dans l’hydraulique et dans l’assainissement de l’eau, parce qu’ils ont plus de compétences dans ce secteur. Je crois que c’est intelligent aussi bien de se concentrer géographiquement que sectoriellement, parce que le Luxembourg est un petit pays et nous donnons plus de 20% de notre revenu national brut pour la coopération. Je crois que nous sommes l’un des seuls pays qui dépassent les 0,5%. Mais, nous voulons aussi que cet argent soit bien utilisé. Il y a la crise en Europe, il faut donc être plus vigilant avec l’argent du contribuable. C’est pourquoi nous essayons de tout faire pour que cet argent ait le plus d’effet pour les populations qui sont concernées.

 

Pourquoi ce système de Pic?

 

Le premier Pic, c’était encore un système pour nous. On l’a appris. Ce n’est pas uniquement que le Sénégal a appris, le Luxembourg aussi. Nous avons développé ce système de Pic. Nous l’avons aussi fait dans les autres pays partenaires qui sont un ensemble de 10 pays dont la majorité se trouve en Afrique de l’Ouest, et les autres sont le Laos, le Nicaragua et le Salvador. Et nous travaillons partout, non pas de la même façon, parce que chaque pays a un fonctionnement différent, mais les grands principes sont les mêmes, aussi bien au Nicaragua qu’au Salvador ou au Sénégal. Je pense que c’est une expérience importante. Il y a un autre élément qui est tout aussi important pour nous, c’est de ne pas surcharger le pays où on fait de la coopération par l’administration, parce qu’on sait que, parfois, il y a les capacités administratives qui font défaut et, pour nous, il est important que les gens ne dépensent pas plus d’argent pour l’administration que pour les projets pour eux-mêmes.

 

Vous avez signé le troisième programme indicatif de coopération avec le ministre de l’Economie et des Finances du Sénégal. Est-ce que vous pouvez revenir sur l’importance de cette phase et les attentes ?

 

Nous avons signé le nouveau programme. On reste dans les mêmes domaines qui sont davantage la formation professionnelle, la santé maternelle, la décentralisation et l’éducation citoyenne. Ce sont des domaines prioritaires pour nous. Nous avons eu à poser la première pierre pour l’agrandissement de la maternité de Ngallèle (Saint-Louis), ce qui démontre bien que c’est un domaine qui nous intéresse beaucoup. Nous savons aussi que pour la réalisation des Omd, c’est la mortalité des femmes et des enfants qui est le plus dur à réaliser. Nous avons entendu que dans le travail fait au Sénégal, pas seulement par les Luxembourgeois, mais aussi par le Sénégal et d’autres coopérations, on nourrit l’espoir d’atteindre les Omd. C’est un signe très fort pour la conférence qu’il y aura au mois de novembre prochain, en Corée, pour démontrer l’efficacité de l’aide. Et je crois que si le Sénégal peut démontrer à ce moment qu’il a obtenu les Omd dans ces deux domaines prioritaires qui ont même été déclarés par le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki Moon, que ce sont là les objectifs les plus difficiles à réussir, si on a un pays qui a réussi à le faire, je crois que c’est très encourageant pour d’autres pays. Si on peut démontrer un exemple bien vivant qu’on a réussi, je crois que ce serait un signe très important pour le monde, aussi bien pour les pays en développement que pour les pays développés. Aujourd’hui, nous en sommes à 45 milliards de FCfa pour le troisième Pic. Il y aura encore une enveloppe qui reste du dernier programme qui n’a pas été jusqu’à maintenant déboursée et pour ne pas hypothéquer les nouveaux projets, on a donné une somme supplémentaire. On n’a pas pris en compte les 11 millions d’euros qui restaient de l’ancien Pic. On va le prendre pour terminer les programmes du Pic 2 pour ne pas avoir à donner autant pour le Pic 3.
 

Propos recueillis par Saliou Fatma LO et Samba Oumar FALL
Le Soleil

 

 
 

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