DECENTRALISATION ET FEMMES : Manque de moyens et faible représentativité

Le Méridien Président a abrité, ce lundi, la conférence publique panafricaine du Crdi sur l’impact de la décentralisation sur les droits des femmes en Afrique subsaharienne, à l’initiative du Programme droit des femmes et participation citoyenne du Crdi.



S’interrogeant sur les incidences de la Décentralisation sur le sort des femmes, devant un parterre de femmes leaders de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, le Dr Penda Mbao a présenté la note inaugurale autour de leurs expériences et attentes. Définissant la décentralisation comme « l’acceptation d’un compromis négocié pour le contrôle du pouvoir et des ressources », l’historienne, enseignante à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a centré sa communication sur la décentralisation et la gouvernance. Le professeur Mbao a tracé trois axes de recherche liés à « l’appropriation de la décentralisation et de la citoyenneté dans un cadre de crise de l’Etat (...), la décentralisation à l’aune des expériences des femmes, en termes d’attentes et d’alternatives offertes (...) et les priorités des femmes », lesquelles sont appelées à faire l’apprentissage de la conquête du pouvoir. Après avoir insisté sur la nécessité d’un cadre cohérent pour la définition des relations sociales et des solidarités, le renforcement des capacités des femmes et la prise en compte accrue des idéaux de la démocratie et de la bonne gouvernance, Mme Mbao a retracé l’évolution du concept depuis la période coloniale, entre la politique assimilationniste d’Afrique francophone et l’Indirect rule des Anglophones, pour en conclure que, trop souvent encore, la prégnance des pratiques traditionnelles lèse les femmes. Avec une vision claire des problèmes d’équité en milieu urbain et des difficultés d’exercice du contrôle citoyen, relativement aux questions d’accès aux ressources en milieu rural, traçant un ordre de priorités allant de la levée des pesanteurs traditionnelles au manque de confiance, elle a proposé des pistes de recherche. Sa communication été enrichie par deux panélistes sur d’autres pays où les femmes évoluent dans des conditions particulièrement difficiles. Ainsi, le Dr Alison Todes a pu baser son travail sur le système Idp (planification intégrée du développement) en vigueur en Afrique du Sud, alors que Mme Asha El-Karib a bénéficié du cadre diversifié du système fédéral soudanais avec ses 25 Etats divisés en provinces et en localités.

Elles sont arrivées à des conclusions relativement au manque de ressources, à la nécessité d’organiser les femmes et à la faiblesse de la représentation féminine. Mieux, là où le Pr. Todes estime que le conservatisme a beaucoup limité l’impact de la décentralisation pour les femmes, Mme El Karib a mis le doigt sur la tenure coutumière des terres et l’application à deux vitesses de la loi islamique. A Signaler que le Soudan dont le parlement compte 17 % de femmes n’a pas ratifié le Cedaw, ni le Protocole africain sur le droit des femmes. La table-ronde qui a suivi a enregistré les commentaires de Mme Haouwa Dia Thiam, présidente du Cosef, sur les interventions remarquables comme celle de Adji Fatou Ndiaye de l’Unifem qui estime que la décentralisation est un mécanisme hautement politique, ou de Mme Racky Chaupin qui, révélant l’acceptation culturelle du leadership féminin par les Sénégalais, se demande « où est-ce que ça bloque ? ». A noter également que la rencontre a vu la participation de Mmes Khady Fall de l’Afao, du Professeur Amsatou Sow Sidibé, de Mme la Maire d’arrondissement et sénatrice Ngoné Ndoye, de Mme Binta Sarr de l’Afropes, entre autres. Elle a été clôturée par M. Brent Herbert Copeliey du CRDI Ottowa.

Le thème de la prochaine quinzaine de la femme

Présidée par le Directeur régional du Crdi-Dakar, M. Gilles Forget, et modéré par Mme Ramata Thioune, la conférence, organisée par le Programme droit des femmes et participation citoyenne du Crdi, a bénéficié de l’appui du ministère de la Famille, de l’Entreprenariat féminin et de la Microfinance, dirigé par Mme Awa Ndiaye qui s’est fait représenter par son directeur de Cabinet, M. Yoro Ndiaye. M. Forget a d’abord campé les missions du centre canadien qui, dira-t-il, « s’emploi à favoriser et à appuyer la production, la diffusion et l’application de résultats de recherche (...) de façon à promouvoir le développement durable et équitable et la diminution de la pauvreté ». Il a indiqué comment le Crdi a établi la section genre en 1989 et lancé, en 2006, la nouvelle initiative de programme « Droits des femmes et participation citoyenne (Dfpc) », dans le cadre de la sa stratégie en matière de sexospécificités. M. Forget a replacé la conférence dans le contexte de l’Afrique subsaharienne, en phase avec l’étude sur la dimension genre et la décentralisation réalisée en 2003. M. Yoro Ndiaye a, quant à lui, campé la décentralisation depuis l’érection des communautés rurales en 1972, jusqu’à la Loi de 1996 consacrant définitivement cette option, ainsi que les avancées notées au Sénégal et en Afrique, notamment sous l’impulsion du président Abdoulaye Wade. Dans notre pays qui est signataire des traités, conventions et protocoles susmentionnés, le sort des femmes qui constituent 52 % de la population, peut, selon lui, se lire à la lumière de leur contribution à l’économie, puisqu’elles constituent 39 % de la population active et 75 % de la population rurale où elles effectuent 85 % des travaux agricoles et 90 % des travaux domestiques. Estimant qu’il reste des efforts à faire en milieu rural, M. Ndiaye s’est dit relativement optimiste au regard des efforts consentis en matière de promotion de l’égalité et de l’équité de genre, puisqu’une parité 50/50 a été appliquée dans la liste des Sénateurs nommés par le président, qu’elles représentent 20 % dans les conseils municipaux, 12,9 % dans les conseils régionaux, 16,7 % dans les mairies. Tout en annonçant que le thème sera retenu pour la prochaine quinzaine de la femme, le directeur de Cabinet a réitéré la disponibilité du département, ainsi que les attentes quant au partage des résultats des études menées pour la conférence dont le Crdi a annoncé la publication prochaine après finalisation.

Le Soleil

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